3 clés pour réussir à rouler longtemps
➊ Penser spécificité
« L’adaptation à l’entraînement est directement liée à la nature des processus sollicités au cours de l’entraînement », peut-on lire dans le livre Entraînement cardio : sports d’endurance et performance (Vélo Québec Éditions), écrit par le réputé docteur en physiologie de l’exercice Guy Thibault.
Ce principe de spécificité est fondamental. Il explique pourquoi il faut tôt ou tard réaliser de longues chevauchées de plusieurs heures pour se préparer à des défis cyclistes d’envergure ; cela améliore bien plus l’aptitude à rouler longtemps que le fait d’effectuer une sortie d’une ou deux heures. Il s’applique en outre à toutes les autres caractéristiques de l’entraînement propres à ce sport, comme le dénivelé, la cadence de pédalage, la température extérieure, et ainsi de suite. « Afin de se préparer à un défi de plusieurs jours, on gagne ainsi à enchaîner de longues sorties sans intercaler de périodes de récupération. Et si le parcours du défi s’annonce accidenté, on intègre des bosses, voire des cols, dans sa préparation », illustre Simon Lambert-Lemay.
➋ Découvrir sa formule
Les formules toutes faites tirées des manuels constituent de bons points de départ dans une préparation à la longue distance. Malgré tout, elles nécessitent d’être adaptées à votre réalité propre, qui n’est pas nécessairement celle des larges cohortes d’athlètes (souvent élites) sur lesquelles elles se basent. Cela est particulièrement vrai sur le plan de la nutrition et de l’hydratation, des questions aussi incontournables que déterminantes lorsqu’on enfile les heures en selle.
Par exemple, la consommation de glucides d’un sportif, estimée à 1 g par kilo de poids corporel par heure d’effort, peut être légèrement plus faible ou plus élevée selon la capacité du système digestif à les absorber. La tolérance de l’estomac aux glucides peut par ailleurs être améliorée en choisissant des produits dont l’« enveloppe » favorise l’absorption par l’organisme, comme le prétend la compagnie suédoise Maurten avec son hydrogel. « C’est à l’entraînement qu’il faut trouver ce qui marche pour soi, pas le jour de l’événement », soulignent les experts de Maurten.
➌ Maîtriser son discours intérieur
Les ultracyclistes et autres adeptes de courses d’endurance démesurées vous le diront : il est tout à fait normal de connaître des hauts et des bas, parfois même plusieurs. Cela vaut aussi lors d’épreuves d’une seule journée. La motivation est une ressource limitée qui est mise à rude épreuve à mesure que les heures avancent et que l’euphorie de la ligne de départ fait place à la fatigue. La question n’est donc pas de savoir si vous frapperez le fond du baril, mais plutôt quand. Et comment réagir, ce qui se pratique à l’entraînement.
Devant l’adversité, il peut être stratégique de porter son attention sur le processus, comme son coup de pédale, son alimentation ou sa puissance. On peut aussi opter pour l’approche contraire et focaliser sur des éléments extérieurs à soi, comme les paysages ou les autres participants. Dans tous les cas, il faut autant que possible garder le contrôle de sa petite voix intérieure, dont les propos peuvent rapidement devenir toxiques. Le mantra que Simon Lambert-Lemay n’a cessé de se répéter tout au long de sa carrière ? « Ferme ta yeule, pis pédale ! »