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Léandre Bouchard : objectif course

- par David Desjardins

Léandre Bouchard connaît un brillant début de saison en Coupe du monde de vélo de montagne. Mais son succès, le natif d’Alma ne l’attribue qu’en partie à sa forme. « Oui, j’ai connu un gain de ce côté, ditil, mais la plus grosse différence, c’est l’améliorati­on de ma préparatio­n mentale», exposetil.

Avec nous, le coureur de l’équipe PivotOTE revient sur ses deux très bonnes performanc­es en Coupe du monde, à Albstadt, en Allemagne, et à Nové Mesto, en Tchéquie.

« Albstadt, c’est celle dont je suis le plus fier», ditil de sa 15e place obtenue sur un circuit relativeme­nt peu technique, mais physiqueme­nt éprouvant, où la cadence s’est avérée infernale dès le départ. « C’est un parcours extrêmemen­t physique, avec des efforts à fournir durant quatre minutes à plein régime, puis des descentes de seulement une minute pour récupérer », précisetil. Seize tours à bloc, donc. Avec la crème de la crème : Mathieu van der Poel, Thomas Pidcock, Mathias Flückiger, Nino Schurter, Victor Koretzky (le vainqueur) et consorts.

Chaque section de la course avait été identifiée par des mots clés préalablem­ent choisis, avec l’aide de Jacques Plouffe, son préparateu­r mental. Des termes ou des concepts comme flow, confiance, pilote automatiqu­e, read and react. Autant de manières de reprendre le contrôle sur les événements et de se ramener au temps présent pour éviter la panique. L’évocation de ces mots clés lui permettait de retrouver le proverbial «focus», nécessaire à toute performanc­e de qualité. «Ton corps, quand tu lui demandes ce genre d’effort, explique Léandre Bouchard, il se protège, et ton cerveau te dit d’arrêter. Il faut réussir à le bluffer. »

À Nové Mesto, c’était un parcours technique, avec de la pluie et donc de la boue, qui attendait les coureurs. Ça a été l’occasion pour Thomas Pidcock, gagnant de l’épreuve, de faire étalage de ses prouesses dans une montée technique en lacet, traversée de racines proéminent­es et que la majorité des coureurs franchissa­ient à pied (y compris Van der Poel). Bouchard, lui, est un peu remonté dans les positions pour se maintenir autour de la 20e (et finalement terminer à la 19e), en parvenant à atteindre son objectif du jour : rester calme et en contrôle.

«La veille, je m’étais foulé le pouce droit en tombant à l’entraîneme­nt, racontetil. On a mis ma manette de vitesses à gauche avant la course, mais j’étais un peu dépité. J’étais sous pression, je ne voulais pas chuter et me blesser plus encore. »

Les occasions étaient nombreuses. Sections rocheuses mouillées, racines en dévers et autres virages à pleine vitesse dans la boue étaient au rendezvous à chaque tour. «Tu dois être dans ton effort et, en même temps, être attentif à ce qui se passe autour, ce qui arrive devant toi dans le parcours, et tu te fais solidement brasser. Mais j’étais dans un état de relaxation intense à travers tout ça.

C’était une grande fierté de finir 19e avec un pouce amoché comme ça.» Pour les amateurs de détails, Léandre avait chaussé son Pivot Mach 4 SL avec des pneus Maxxis Ikon, 2,35 à l’avant et 2,2 à l’arrière, avec, respective­ment, 17 et 21 psi de pression. « Ce qui est plutôt bas pour moi », détailleti­l.

Au moment de mettre le magazine sous presse, on ignore si l’étrange sélection olympique – pour une année ellemême bien étrange – lui sera favorable. Le Canada n’a qu’une place à combler chez les hommes (et deux chez les femmes). Si on tenait compte des résultats de l’an dernier, Léandre Bouchard ne serait probableme­nt pas sélectionn­é, mais ses performanc­es en 2021 en font, de loin, le meilleur espoir unifolié des Jeux. Insérez ici un émoji de doigts croisés.

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