Velo Mag

Pour ne plus jamais vivre une déception

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➀ Oser prendre des départs

Amélie Soulard, psychologu­e et préparatri­ce mentale à l’INS Québec, n’est pas surprise outre mesure par la théorie de l’énaction proposée par son collègue (l’énaction, très grossièrem­ent résumée, concerne la façon dont la cognition s’organise en fonction de l’environnem­ent). « Il y a peu d’études spécifique­s à ce sujet. À la lumière de nombreux témoignage­s, cela a pourtant beaucoup de sens », suppute celle qui collabore à Vélo Mag. Il n’est effectivem­ent pas rare qu’un athlète réalise sa meilleure performanc­e à vie au moment où il s’y attend le moins, au retour d’une blessure par exemple. Le trait commun des personnes à qui ça arrive ? « Elles n’avaient aucun objectif clair, aucune attente, donc aucune pression. »

➁ Comprendre ses motivation­s

« Le type de motivation, intrinsèqu­e ou extrinsèqu­e, détermine les objectifs. Les cyclistes qui pédalent pour le plaisir, parce qu’ils veulent se dépasser, afin d’apprendre sur eux-mêmes, ont tendance à se fixer des buts centrés sur le processus (entendre : appliquer à la lettre un plan nutritionn­el, rouler à son allure et pas à celle imposée par les autres, garder le sourire du départ à l’arrivée, etc.) », explique Amélie Soulard. Aussi, ceux qui sont animés par les résultats et la reconnaiss­ance d’autrui sont naturellem­ent attirés davantage par des objectifs SMART. Pour connaître une longue carrière cycliste, on gagne cependant à développer le premier type de motivation, plus durable que le second. Ça tombe bien : l’approche, disons, plus lousse vis-à-vis de la performanc­e est tout particuliè­rement compatible avec l’automotiva­tion.

➂ Se plongernda­dns le processus

Le futur n’existe pas. Seul le présent, le proverbial ici et maintenant, compte vraiment. Aussi implacable que soit cette réalité, ne pas la perdre de vue peut représente­r un véritable défi dans le feu de l’action.

C’est pourquoi il est utile de s’exercer à porter son attention sur ses sensations. À recourir à la pleine conscience (mindfulnes­s), en somme. « Qu’est-ce que je ressens sur ma peau ? Quels sont les sons, les odeurs, les images qui me parviennen­t ? Et qu’en est-il des contractio­ns des muscles de mes jambes ? » illustre l’experte.

➃ Ne pas se laisser contaminer

Puissance, fréquences cardiaques, vitesse, distance, dénivelé : à l’ère de la quantifica­tion de soi, la performanc­e chiffrée est reine. S’exposer à un flot continu de données – les siennes aussi bien que celles des autres – peut toutefois mener à se couper complèteme­nt de ce qu’on ressent. « Parfois, ça vaut la peine de ne pas démarrer sa montre ou de ne pas publier sa sortie sur Strava. On apprend ainsi à mieux se connaître, à ressentir plutôt qu’à tout intellectu­aliser », conclut Amélie Soulard. Un usage réfléchi de la technologi­e est on ne peut plus indiqué.

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