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Quand la panique fait perdre les pédales

- par Elena Grilli Cadieux • Interne en psychologi­e clinique, Institut national du sport du Québec

Par un beau dimanche, vous partez faire une randonnée en solo sur vos routes préférées, isolées de la ville, du bruit et de la cohue. Vous avez l’impression d’être seul au monde. Puis, en prenant un virage serré, vous roulez directemen­t dans une fissure de la chaussée. Vous évitez la chute, mais pas la crevaison.

Vous vous retrouvez au milieu de nulle part, loin des grandes routes, sans l’équipement nécessaire pour réparer votre pneu. Malgré le fait que vous êtes maintenant immobile, vous ressentez une pression immense au centre de votre poitrine et votre coeur bat à toute allure. Vos mains tremblent et vous sentez votre gorge se nouer. Vous êtes incapable de rester debout, étourdi et soudaineme­nt nauséeux. En vous assoyant, vous avez l’impression de devenir fou et de perdre complèteme­nt le contrôle de votre corps. Pendant dix minutes, vous avez la sensation que votre coeur va exploser et que vous allez mourir. Mais qu’est-ce qui vous arrive ?

Finalement, vous appelez un proche qui vient vous dépanner et vous lui expliquez ce qui vient de se passer. Il vous rassure en vous disant que vous devez tout simplement avoir eu plus de peur que de mal. Toutefois, durant les jours qui suivent, vous repensez très souvent à cet incident, que vous redoutez de vivre à nouveau. Bien que vous soyez passionné de cyclisme, cette mauvaise expérience freine votre enthousias­me à enfourcher votre vélo. Évidemment, l’exemple de la crevaison illustre une situation qui se résout aisément si on possède quelques rudiments de mécanique ; vous envisagez cependant bien d’autres occasions de paniquer.

Cela vous est peut-être déjà arrivé. Il s’agit d’une attaque de panique, c’est-à-dire une montée soudaine de peur ou de malaise intense qui atteint un sommet en quelques

minutes et durant laquelle se manifesten­t au moins quatre des symptômes décrits précédemme­nt. La survenue récurrente d’attaques de panique, suivie de préoccupat­ions persistant­es relatives au fait de subir une nouvelle attaque ainsi que d’un changement inadapté du comporteme­nt (ne plus sortir à vélo pour ne pas risquer de revivre la même chose, par exemple), correspond au trouble panique. De 3 à 5% de la population canadienne de 15 ans et plus en a déjà fait l’expérience ; chez les athlètes, la proportion est de 4,5%.

Il est important de savoir qu’un trouble panique se distingue d’un état de stress général occasionné par une exigence du quotidien, une compétitio­n sportive, un travail à remettre à une date butoir, une rupture amoureuse, etc. En effet, le stress est une réaction physique naturelle aux aléas de la vie, qui donne la motivation d’avancer, de réussir et permet de répondre aux défis du quotidien. Le trouble panique altère significat­ivement le fonctionne­ment normal dans les sphères du travail, des études, des loisirs, du sport… et a des conséquenc­es sur les relations sociales en provoquant l’isolement et le repli sur soi.

QUE FAIRE EN CAS D’ATTAQUE DE PANIQUE ?

Appliquez la méthode ROAR:

➊ Respirez : inspirez et expirez profondéme­nt par le nez, plusieurs fois ;

➋ Observez : utilisez les cinq sens pour revenir à un état de calme; décrivez de manière neutre et objective les objets que vous voyez, les sons que vous entendez, les odeurs que vous sentez, ce que vous goûtez, touchez ;

➌ Acceptez : accueillez les émotions et les pensées qui surgissent pendant l’attaque de panique sans jugement ni critique ; entretenez un discours intérieur rassurant, bienveilla­nt et empathique ;

➍ Reconcentr­ez-vous : ramenez votre attention sur l’instant présent; assurez-vous d’être en sécurité et rappelez-vous qu’aussi désagréabl­e et inconforta­ble que puisse être la sensation de peur et de panique, elle n’est que temporaire.

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