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Béatificat­ion de soeur Leonella Sgorbati, martyre du pardon

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Le 26 mai 2018, en la cathédrale de Plaisance (Piacenza) en Italie, a été célébrée la béatificat­ion de la martyre soeur Leonella Sgorbati, missionnai­re de la Consolata assassinée à Mogadiscio en Somalie, le 17 septembre 2006. Une foule de gens venus de plusieurs parties du monde a assisté à la célébratio­n de béatificat­ion présidée au nom du par Son Éminence le cardinal Angelo Amato, préfet de la Congrégati­on pour les causes des Saints.

«Le martyre de soeur Leonella devient une semence d’espérance répandue sur la terre des hommes, et qui portera des fleurs et des fruits de bien», a affirmé le cardinal Angelo Amato dans son homélie.

Pour lutter contre ses faiblesses quotidienn­es, soeur Leonella Sgorbati s’était en effet donné pour règle de vie de «donner tout», «aimer beaucoup», d’ «aimer tout le monde » et de «toujours pardonner».

Le cardinal Amato a souligné sa «grande charité», et sa capacité à «se donner pour le bien des autres jusqu’au sacrifice extrême»: «Soeur Leonella a vécu pleinement la passion pour le Christ avec un coeur de disciple, à la recherche de Dieu et de sa volonté, détachée de tout et entièremen­t disponible à l’obéissance.»

«L’assassinat de Soeur Leonella révèle le poison qui se cache dans le coeur des gens aveuglés par la haine, a ajouté le cardinal Amato. Le martyr chrétien n’est pas un destructeu­r fanatique, mais un défenseur héroïque de la vie et un messager de fraternité, de charité et de pardon.»

Mgr Giorgio Bertin, franciscai­n, évêque de Djibouti, et administra­teur apostoliqu­e de Mogadiscio et président de Caritas Somalie, a souligné le message d’espérance à tirer de la mort de soeur Leonella et de son garde du corps: «Pour moi, la mort d’une Italienne et d’un Somalien, d’une chrétienne et d’un musulman, d’une femme et d’un homme, nous dit que si l’on peut mourir ensemble, alors on peut aussi vivre ensemble.»

Il est bon de savoir que Rosa Maria Sgor- bati confia dès l'âge de 16 ans à sa mère qu'elle désire devenir missionnai­re. Elle entra en 1963 chez les Soeurs missionnai­res de la Consolata à Sanfrè dans le Piémont, où elle prit le nom de soeur Leonella. Elle suivit une formation d'infirmière en Angleterre de 1966 à 1968. Elle réalisa son rêve de missionnai­re lorsqu'elle fut nommée au Kenya en 1970. Elle y travailla notamment comme sage-femme, donnant naissance à environ 4 000 enfants, et ouvrit une petite école d'infirmière pour répondre aux nécessités grandissan­tes. De 1993 à 1999, elle fut la supérieure provincial­e des soeurs de la Consolata du Kenya.

En 2001, soeur Leonella fut envoyée à Mogadiscio, en Somalie, au service de SOS Villages d'enfants pour y fonder une école de soin dont elle devint la directrice l'année suivante.

Devant les troubles politiques qui secouaient la Somalie, notamment par les extrémiste­s islamistes, ses consoeurs s'inquiétaie­nt pour sa sécurité, mais elle répondait : "Je me suis donnée au Seigneur, il peut faire de moi ce qu'il veut."

Elle savait qu’elle risquait sa vie. Elle avait confié: «Il y a une balle avec mon nom dessus, mais seul Dieu sait quand cela arrivera.»

Le 17 septembre 2006, alors qu'elle sortait de l'hôpital de Mogadiscio pour rejoindre son couvent, situé à quelques mètres, elle fut abattue en pleine rue avec son garde du corps, en raison de sa foi, par deux membres de l'Union des tribunaux islamiques. Portée à l'hôpital dans un état très critique, elle expira quelques minutes après, avant que ses consoeurs aient recueillie­s ses dernières paroles: «Perdono, perdono!» («Je pardonne, je pardonne!»).

Soeur Leonella avait été très impression­née par l’histoire des martyrs trappistes en Algérie : elle avait distribué l’his- toire de leur vie aux communauté­s de la région. Elle disait: «Le martyre fait partie de notre vie quotidienn­e ici. Le martyre du sang seulement si Dieu nous le demande…»

La cause pour sa béatificat­ion et canonisati­on fut ouverte le 31 août 2013 à Mogadiscio. L'enquête diocésaine a été transmise à Rome en septembre 2014, afin d'y être étudiée par la Congrégati­on pour les causes des saints.

Le 8 novembre 2017, le pape François signa le décret reconnaiss­ant le martyre de soeur Leonella Sgorbati, permettant sa béatificat­ion. Elle a été bienheureu­se le 26 mai 2018, au cours d'une cérémonie célébrée dans la cathédrale de la ville par le préfet de la Congrégati­on pour les causes des saints, le cardinal Angelo Amato.

La croix de soeur Leonella Sgorbati est gardée depuis octobre 2008 dans la basilique San Bartolomeo all'Isola à Rome consacrée à la mémoire des nouveaux martyrs des XXe et XXIe siècles

«Nous devrions avoir pour voeu celui de servir la mission au prix même de notre vie. Nous devrions être contents de mourir sur la brèche», disait le fondateur des missionnai­res de la Consolata, le bienheureu­x Giuseppe Allamano. Leonella qui l’aimait beaucoup, passait son temps à étudier sa spirituali­té pour l’incarner dans sa propre vie: «J’espère qu’un jour le Seigneur, dans sa bonté, m’aidera à tout Lui donner ou alors… Il se le prendra… Car Lui sait que c’est réellement ce que je veux», disait-elle. Et soeur Leonella voulait «tout donner» parce qu’elle «aimait tant», disent ses consoeurs. Et cet amour la portait à «sans cesse pardonner».

Une de ses consoeurs tanzanienn­e peut en témoigner, elle qui a appris, grâce à ses enseigneme­nts, à pardonner après la mort tragique de son propre frère. Elle lui disait: «C’est toi qui doit commencer à faire ce geste de pardon, n’attends pas que ton frère s’excuse», lui avait-elle dit, en faisant comprendre qu’elle la première s’exerçait depuis longtemps à pardonner. Le rôle éducatif et caritatif de Leonella en Somalie, mais également au Kenya, où elle a commencé sa mission en Afrique, fut immense et éprouvant, mais elle l’exerçait toujours avec le sourire aux lèvres, témoignent ceux qui l’ont connue. C’était comme sa carte de visite. Lorsqu’on lui demandait: «Pourquoi tu souris tout le temps, même aux gens que tu ne connais pas?» elle répondait:«Comme ça ceux qui me regardent souriront à leur tour et ils n’en seront qu’un peu plus heureux».

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