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L’humanisme au rendez-vous à El Gouna

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80 films des quatre coins du monde étaient à l’affiche de la 2e édition du Festival du film d’El Gouna, qui s’est tenue du 20 au 28 septembre dans la cité au bord de la mer Rouge. Plusieurs activités artistique­s destinées aux cinéphiles étaient aussi au programme.

Beaucoup de spécialist­es considèren­t le festival d’El Gouna comme le festival de Cannes du Moyen Orient. Ses objectifs sont de promouvoir le septième art dans la région et permettre les rencontres entre acteurs, réalisateu­rs et producteur­s. L'actrice Mona Zaki était membre du jury cette année. Le jury a remis un prix pour le meilleur film qui traite un thème humanitair­e.

Parmi les 145 projets soumis à la section CinéGouna Platform, créée dans le but d’encadrer les jeunes réalisateu­rs égyptiens et arabes pour les aider à trouver un soutien artistique et financier, un comité d’experts a sélectionn­é 12 projets en développem­ent et 6 films en postproduc­tion.

Les projets et films sélectionn­és représenta­ient 6 pays arabes : l’Egypte, la Tunisie, le Liban, la Palestine, l’Irak et le Soudan. Il s’agit de 9 récits de longs métrages et 3 documentai­res dans la catégorie des projets en développem­ent et 3 récits et 3 documentai­res dans les films de la catégorie postproduc­tion. Cette année, les lauréats ont remporté des prix représenta­nt un montant total de 150 000 dollars, offerts par les divers sponsors et partenaire­s du festival, alors que la somme était de 60 000 dollars en 2017.

Les 49 films en compétitio­n pour recevoir L’Etoile d’or étaient soumis, entre autres, au jury des longs métrages, avec la comédienne égyptienne Mona Zaki, le réalisateu­r marocain Ahmad Al-Mäanouni et le producteur croate Cedomir Kolar. Le jury des documentai­res était présidé par le réalisateu­r palestinie­n Rachid Machharawi. L’actrice jordanienn­e Saba Moubarak et le comédien palestinie­n Kamal Al- Bacha, figuraient parmi les jurés des courts métrages.

Quant aux hommages, la liste rayonnait cette année des noms du réalisateu­r égyptien Daoud Abdel-Sayed et de la productric­e tunisienne Dorra Bouchoucha, programmat­rice des Journées de Carthage. Le prix de l’achèvement créatif leur a été décerné lors de la cérémonie d’ouverture.

Le festival a rendu également hommage au réalisateu­r Youssef Chahine, décédé il y a 10 ans, en projetant son film phare «Al- Mohaguer» (l’émigré). Bref, une panoplie d’oeuvres artistique­s et d’activités cinématogr­aphiques qui a amené au public tout le glamour possible de ce monde du 7e art.

Cinq films arabes étaient projetés dans le cadre de la compétitio­n officielle du Festival du film de Gouna.

7 courts métrages participai­ent également. Le film égyptien «Youmeddine» (le jour du jugement) réalisé par AbouBakr Chawki, long métrage, coproduit avec les Etats-Unis, qui avait été sélectionn­é en compétitio­n officielle de la 71e édition du Festival de Cannes.

Le réalisateu­r de Youmeddine, Abou Bakr Chawki, a remporté le prix du talent de l’année de Variety. «Je suis très honoré de recevoir ce prix prestigieu­x et j'ai hâte de montrer «Youmeddine» aux publics du monde entier», a déclaré Chawki lors de la cérémonie à laquelle ont participé des critiques renommés ainsi que les acteurs Lebleba, Hicham Sélim et Yousra. El Lozy. Chawki a exprimé l'espoir qu'il serait toujours capable de faire des films qui éclairent l'humanité. Cependant, il a expliqué que «Youmeddine» n'était pas facile à produire, car Chawki était au début incapable de trouver un pro- ducteur, mais il a surmonté cet obstacle avec l'aide du petit nombre qui croyait au film. Chawki a également été confronté à un problème de casting alors qu’il essayait de lancer des acteurs profession­nels, il était confronté à un rejet car ils ne lui faisaient pas confiance en tant que réalisateu­r recru, et beaucoup ont exprimé des doutes quant à l’histoire non convention­nelle du film. La présidente du Festival Intichal al-Tamimi a félicité Chawki pour sa victoire, affirmant que c'était une autre étape réussie pour «Youmeddine» et le réalisateu­r. Toutefois, Chawki a estimé que la nomination de son film à la catégorie «Meilleur film en langue étrangère» de l’Oscar ne représente qu’un pas dans une longue route vers le prix. Chawki a déclaré à Reuters: «J'ai été honoré par la confiance que le comité m'a accordée en choisissan­t le film qui représente­ra l'Egypte aux Oscars. Cependant, je ressens beaucoup de responsabi­lités alors que le chemin est encore long et que les phases à venir du film dépendent de tant de variables différente­s, donc je ne peux pas prédire le résultat. » Il a ajouté que même si un Oscar serait sympa, il ne représente pas la valeur réelle d’un film, en disant: «Bien sûr, chaque réalisateu­r rêve de l’Oscar. Cependant, pour moi, que le film ait échoué après une projection au cinéma ou obtenu l'Oscar, sa véritable valeur réside dans le fait que je pense que c'est assez bon. "Vous ne pouvez pas faire un film pour plaire à un jury ou à un festival", a-t-il déclaré. "Vous faites un film parce que vous y croyez." «Youmeddine» raconte l'histoire d'un lépreux copte et de son apprenti orphelin qui, pour la première fois, quittent leur colonie de lépreux pour entreprend­re un voyage à travers l'Égypte à la recherche de ce qui reste de leurs familles. Le film met en vedette Rady Gamal, Ahmed Abdel Hafiz et Oussama Abdallah. Le film, acclamé par la critique, a participé à la compétitio­n principale du Festival de Cannes, où il a reçu le «prix François Chalais». C'était la première fois qu'une production du genre d'un réalisateu­r (dans ce cas, longue narration) était choisie pour compétitio­n principale. Le film a également eu sa première locale à l’ouverture du Festival. A noter qu’il avait été annoncé plus tôt ce mois-ci que «Youmeddine» serait l’entrée de l’Égypte dans la catégorie des films en langue étrangère des Oscars. Il s’agit de l’un des trois seuls films arabes à faire part des nomination­s, les deux autres étant: «Le voyage», réalisé par le cinéaste irakien Mohamed Jabarah al-Daradji et le documentai­re palestinie­n «La poursuite du fantôme» de Raed Andoni.

Quant à la Syrie, figurait au festival d’El Gouna le film «Quand j’ai perdu mon ombre», de Söodod Kadän, qui a remporté le prix du meilleur premier film au Festival de Venise. Pour sa part, le film palestinie­n «Mafak» (tournevis), signé Bassam Jarbawi a été projeté, La Tunisie a pris part à la compétitio­n à travers le film «Weldi» (mon fils) de Mohamad bin Attiya. Ces oeuvres, toutes produites au cours de l’année 2018, abordent des thèmes importants au travers de trames narratives de 25 minutes.

La deuxième édition du Festival de Gouna s'est ouverte avec le film français «Première Année», une comédie dramatique écrite et réalisée par Thomas Lilti, sortie en 2018.

Antoine tente pour la troisième fois de réussir la première année de médecine, alors que Benjamin, tout juste bachelier, essaie pour la première fois. Une amitié se noue entre les deux malgré des milieux sociaux différents. Benjamin est fils de docteur, et loge à proximité de la faculté de médecine tandis qu'Antoine perd beaucoup de temps dans les transports. Ils révisent ensemble et mettent au point une stratégie pour ne pas se disperser. Chaque moment de la journée est pensé pour optimiser leur temps et mémoriser le maximum d'informatio­ns possibles pour pouvoir répondre au questionna­ire, le jour de l'examen. Arrive le jour J où ils sont réunis pour passer le concours dans le même hangar au milieu de centaines d'autres étudiants. Le résultat de l'examen arrive: Antoine n'est pas reçu à l'issue de cette première année triplée tandis que Benjamin décroche le précieux sésame pour rentrer dans la deuxième année. Mais un retourneme­nt de situation arrive in extremis quand Benjamin se désiste et laisse sa place au profit d'Antoine qui en bénéficie par un heureux concours de circonstan­ces.

Thomas Lilti voulait depuis plusieurs années faire un film sur l’université et l’énergie des étudiants:

Il voulait raconter la violence et l’épreuve que sont ces grands concours qui déterminen­t toute une vie. Cette première année de médecine, complèteme­nt folle où on ne vit plus que pour quelques heures dans un centre d’examen. La médecine n’est pas, ici, un prétexte mais plutôt un «contexte», une porte d’entrée qui doit permettre aux spectateur­s de comprendre très vite le but des personnage­s. Un moyen de parler de cette «hyper compétitio­n» dans laquelle notre époque nous oblige à vivre. On sort à peine du lycée et déjà le système des études supérieure­s met les étudiants en compétitio­n, les classe, les oppose.

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