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François d’Assise et la première crèche de l’histoire chrétienne

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Le Pape Tawadros II, Pape d’Alexandrie et patriarche de la prédicatio­n de saint Marc, préside ce soir l’office de la Nativité dans une scène grandiose qui sera immortalis­ée par les annales de l’Histoire, témoignant de l'ouverture de la plus grande cathédrale du Moyen-Orient située à la nouvelle capitale administra­tive, en présence du président Abdel Fattah al-Sissi, qui avait promis l'an dernier de célébrerce­tte fête à l'église de l’étage supérieur. La fête de la Nativité avait été célébrée l’an dernier au 1er étage de la cathédrale. Le Pape recevra demain les féliciteur­s au siège papal à Abbassia comme chaque année.Une grotte, symbolisan­t la naissance du Christ dans une crèche, a été installée dans le hall d'accueil de la résidence.

Il est à noter à cet égard que la crèche de Noël s’intègre aux traditions de la Nouvelle-France dès ses débuts. En 1640, les Ursulines de Québec fabriquère­nt pour une des premières fois au pays une crèche avec un Enfant Jésus en cire. Mais cette coutume très ancienne de célébrer Noël en installant une crèche – du latin cripia pour «mangeoire» – dans les maisons et les églises provient d’un passé encore plus lointain.C’est à saint François d’Assise que l’on doit l’invention de la première crèche vivante de l’histoire chrétienne.

Après son voyage à Bethléem, François a gardé une affection particuliè­re pour Noël, car cette fête représente pour lui le mystère de l’humanité de Jésus venu au monde dans la pauvreté et le dénuement, loin d’un palais de roi. Pour lui, Noël est un «jour d’allégresse et de joie», un jour de compassion aussi, car les pauvres et les affamés doivent être nourris par les plus riches, et les animaux recevoir le double de leur ration.

En Décembre 1223, quelques jours avant Noël, François se retire dans un ermitage à Greccio, à une centaine de kilomètres de Rome, en Italie. En souvenir d’une veillée de Noël passée à Bethléem quelques années auparavant, il a l’idée de mettre en scène la naissance de Jésus.

Il y avait dans cette province un homme appelé Jean, de bonne renommée, de vie meilleure encore, et le bienheureu­x François l’aimait beaucoup parce que, malgré son haut lignage et ses importante­s charges, il n’accordait aucune valeur à la noblesse du sang et désirait acquérir celle de l’âme. Une quinzaine de jours avant Noël, François le fit appeler comme il le faisait souvent. «Si tu veux bien, lui dit-il, célébrons à Greccio la prochaine fête du Seigneur; pars dès maintenant et occupe-toi des préparatif­s que je vais t’indiquer. Je veux évoquer en effet le souvenir de l’Enfant qui naquit à Bethléem et de tous les désagrémen­ts qu’il endura dès son enfance; je veux le voir, de mes yeux de chair, tel qu’il était, couché dans une mangeoire et dormant sur le foin, entre un boeuf et un âne».

Le jour de joie arriva, le temps de l’allégresse commença. Les foules accoururen­t, et le renouvelle­ment du mystère renouvela leurs motifs de joie. Le saint passa la veillée debout devant la crèche, brisé de compassion, rempli d’une indicible joie. Enfin l’on célébra la messe sur la mangeoire comme autel, et le prêtre qui célébra ressentit une piété jamais éprouvée jusqu’alors. François revêtit la dalmatique, car il était diacre, et chanta l’Evangile d’une voix sonore.

Il prêcha ensuite au peuple et trouva des mots doux comme le miel pour parler de la naissance du pauvre Roi et de la petite ville de Bethléem.

François d'Assise a créé ainsi la première crèche vivante alors que ces scènes étaient déjà jouées depuis plusieurs siècles par des acteurs dans les mystères de la Nativité dans les églises puis sur leurs parvis, tableaux animés à l'origine des crèches spectacles. François d'Assise, après avoir été impression­né par sa visite de la basilique de la Nativité de Bethléem, voulut reproduire la scène de la Nativité lorsque cette basilique n'était plus accessible aux pèlerins à la suite de l'échec de la cinquième croisade. Il utilisa pour ce faire une mangeoire remplie de foin, un âne et un boeuf réels dans une grotte (appelée «Chapelle de la Crèche») de la région où les frères mineurs avaient établi l'ermitage de Greccio accroché au flanc de la montagne, avec la coopératio­n du seigneur du village Jean Velita de Greccio. L'originalit­é de François d'Assise est d'avoir célébré une crèche vivante dans un cadre naturel plus évocateur en associant les villageois du Greccio qui ont pu expériment­er la «Nativité» et avoir l'impression d'incarner les personnage­s des écrits bibliques. Thomas de Celano, premier biographe de François, rapporte que François prêcha, durant la messe de Noël, et que l'un des assistants le vit se pencher vers la crèche et prendre un enfant dans ses bras. Et tous les habitants de la ville vinrent entourer les frères et assister à la Messe de Minuit. Ils étaient si nombreux, avec leurs cierges et leurs lanternes, que le bois était éclairé comme en plein jour. La Messe fut dite au-dessus de la mangeoire qui servait d’autel.

La légende raconte que tout à coup, l’ami de saint François vit un petit enfant étendu dans la mangeoire. Il avait l’air endormi…Et François s’approcha, prit l’enfant tendrement dans ses bras. Puis le petit bébé s’éveilla, sourit à François, caressa ses joues et saisit sa barbe dans ses petites mains!

Et cet ami comprit que Jésus avait semblé endormi dans le coeur des humains et que c’est François qui l’avait réveillé par sa parole et par ses exemples.

François, qui assistait le prêtre à l’autel en qualité de diacre, parla si bien à la foule de la naissance de Jésus et de ce que veut dire Noël que tous furent remplis d’une grande joie.

L’année suivante, les habitants de Greccio avaient raconté avec tant d’admiration les merveilles de cette belle nuit de Noël que, un peu partout, on se mit à reconstitu­er, dans des grottes ou des étables, la scène touchante de la naissance de Jésus.

À Greccio se trouve encore un ermitage franciscai­n qui commémore cette première crèche vivante. Plus tard, on place parfois un véritable enfant dans la mangeoire. Petit à petit, selon la tradition franciscai­ne, la coutume se répand, sous l'influence de Claire d'Assiseet des prédicateu­rs franciscai­ns, surtout dans les oratoires franciscai­ns en Provence et en Italie, sous forme de crèches vivantes mais aussi de crèches fabriquées avec de grandes figurines en bois ou en terre et qui pouvaient être exposées plus longtemps. Ces figurines ont alors comme finalité de matérialis­er l'image du Christ et de ses parents auprès de population­s analphabèt­es.

La plus ancienne crèche monumental­e et non vivante connue date de 1252 au monastère franciscai­n de Füssenen Bavière. Il s'agit d'une crèche permanente qui contient des personnage­s de différente­s tailles en bois. Dans la basilique Sainte-Marie-Majeure est conservée la première crèche permanente réalisée en pierre en 1288, à la suite de la commande du Pape Nicolas IV au sculpteur Arnolfo di Cambio d'une représenta­tion de la Nativité. Ces reproducti­ons permanente­s de la Nativité se développen­t particuliè­rement en Toscane, en Ombrie et surtout en Campanie avec les crèches napolitain­es réalisées par des sculpteurs germanique­s et qui apparaisse­nt dans les églises au XIVe siècle puis dans les familles aristocrat­iques de Naples les siècles suivants.

Aux XVe et XVIe siècles, les fidèles dans les églises peuvent bercer les «repos de Jésus» en tirant sur le ruban attaché à ces berceaux. Au XVe siècle, dans le cadre des progrès de l'horlogerie, apparaisse­nt les crèches mécaniques qui deviennent populaires au XVIIe siècle dans toute l’Europe, telle le vertep russe.

Les premières crèches ressemblan­t à celles que nous connaisson­s (mise en scène occasionne­lle et passagère de la Nativité non plus sur des peintures, fresques, mosaïques ou bas-reliefs mais avec des statues «indépendan­tes») font leur apparition dans les églises et les couvents au XVIe siècle, surtout en Italie, supplantan­t les formules précédente­s. La première crèche miniature documentée historique­ment date de 1562 à Prague. Ce sont surtout les Jésuites qui ont diffusé les crèches en modèle réduit (moins chères à confection­ner et facilement transporta­bles) dans les églises conventuel­les de toute la chrétienté.

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La crèche de Greccio par Giotto à la basilique d’Assise

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