L’espionne qui venait des marais
Pas peu fière, la libellule. Flanquée de son barda technologique sur le dos, elle va vivre son rêve, celui de devenir une James Bond Girl. Nom de code : DragonflEye. Mais il s’agit d’une espionne un peu particulière. Un insecte métamorphosé en drone par le jeu de manipulations génétiques, afin que ses recruteurs la pilotent à distance. Les scientifiques de Draper, une société spécialisée en ingénierie, se sont dit qu’au lieu de chercher en vain à reproduire d’inimitables caractéristiques de vol pour leurs engins miniatures, ils pourraient aussi bien utiliser directement certaines bestioles ailées. Et de s’intéresser plus particulièrement à l’odonate, dont les prouesses sont uniques : il peut voler à une vitesse de 36 km/h – la plupart des insectes sont bien plus lents –, faire du surplace et même passer la marche arrière. Les chercheurs ont ainsi mis au point un “sac à dos” ultraléger, d’à peine plus de 1 g, contenant deux systèmes, un de navigation, un autre de pilotage stimulé par la lumière, ainsi qu’un panneau solaire destiné à alimenter en énergie l’électronique embarquée. Ensuite, associés au Howard Hugues Medical Institute, spécialiste de l’optogénétique (le contrôle de l’activité du cerveau par la lumière), les chercheurs ont hacké la bête en modifiant génétiquement ses “neurones pilotes” afin de les rendre sensibles à certaines couleurs. Puis ils ont fixé le tout au moyen d’électrodes directement plantées dans son système nerveux. Ce drôle de drone vient de réussir son premier vol commandé. Quelques secondes prometteuses. Demain, l’agent secret partira en mission de surveillance, de reconnaissance ou de pollinisation. Surveillez vos jardins.