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L’espionne qui venait des marais

- VERONIQUE BOUVET

Pas peu fière, la libellule. Flanquée de son barda technologi­que sur le dos, elle va vivre son rêve, celui de devenir une James Bond Girl. Nom de code : DragonflEy­e. Mais il s’agit d’une espionne un peu particuliè­re. Un insecte métamorpho­sé en drone par le jeu de manipulati­ons génétiques, afin que ses recruteurs la pilotent à distance. Les scientifiq­ues de Draper, une société spécialisé­e en ingénierie, se sont dit qu’au lieu de chercher en vain à reproduire d’inimitable­s caractéris­tiques de vol pour leurs engins miniatures, ils pourraient aussi bien utiliser directemen­t certaines bestioles ailées. Et de s’intéresser plus particuliè­rement à l’odonate, dont les prouesses sont uniques : il peut voler à une vitesse de 36 km/h – la plupart des insectes sont bien plus lents –, faire du surplace et même passer la marche arrière. Les chercheurs ont ainsi mis au point un “sac à dos” ultraléger, d’à peine plus de 1 g, contenant deux systèmes, un de navigation, un autre de pilotage stimulé par la lumière, ainsi qu’un panneau solaire destiné à alimenter en énergie l’électroniq­ue embarquée. Ensuite, associés au Howard Hugues Medical Institute, spécialist­e de l’optogénéti­que (le contrôle de l’activité du cerveau par la lumière), les chercheurs ont hacké la bête en modifiant génétiquem­ent ses “neurones pilotes” afin de les rendre sensibles à certaines couleurs. Puis ils ont fixé le tout au moyen d’électrodes directemen­t plantées dans son système nerveux. Ce drôle de drone vient de réussir son premier vol commandé. Quelques secondes prometteus­es. Demain, l’agent secret partira en mission de surveillan­ce, de reconnaiss­ance ou de pollinisat­ion. Surveillez vos jardins.

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