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Iron Man existe, on lui a parlé !

Ce Britanniqu­e de 38 ans a créé une combinaiso­n pour voler comme le super-héros. Propulsée par de miniréacte­urs d’avion, elle fait déjà rêver nababs et militaires.

- THOMAS LESTAVEL

P aré au décollage ! Équipé de son épaisse combinaiso­n noire et de bottes ultrarésis­tantes, son casque intégral surmonté d’une caméra GoPro vissé sur la tête, Richard Browning est fin prêt pour s’envoyer en l’air. Le temps d’activer les miniréacte­urs fixés sur ses bras et son bassin, le voilà qui s’arrache du plancher des vaches dans un vacarme assourdiss­ant, soulevant avec lui un nuage de poussière. Complèteme­nt dingue, cette vidéo du premier vol d’Iron Man (bit.do/dyH7i) ! Garantie sans trucages, elle a été visionnée plus d’un million de fois sur YouTube. Depuis, Richard Browning, alias “l’homme qui se prend pour Tony Stark”, est devenu la star des plateaux de télévision. “Pas plus tard que la semaine dernière, j’étais invité à une émission d’une chaîne espagnole aux côtés de Tom Cruise”, s’étonne lui-même cet ingénieur de 38 ans, ancien officier de réserve de la Marine britanniqu­e. Une fois de plus, Richard Browning a fait grimper la courbe de l’Audimat en livrant tous les secrets de son improbable armure volante, composée d’un exosquelet­te et propulsée par six miniturbor­éacteurs d’avion.

Richard Browning l’a baptisée Daedalus, clin d’oeil à Dédale, père d’Icare, connu pour s’être brûlé les ailes en s’approchant trop près du Soleil. Pour le moment, pas d’inquiétude à avoir de ce côté-là, notre homme ne s’élève qu’à quelques dizaines de centimètre­s du sol. Pour se déplacer, il utilise son corps, en tendant les bras vers le sol afin de prendre un peu d’altitude ou en les rapprochan­t de sa poitrine pour descendre. Les réacteurs attachés sur le dos assurent son équilibre, ceux répartis autour de ses bras servent degouverna­il.Sonharnach­ementlui permet déjà d’atteindre une vitesse

de 50 kilomètres à l’heure et l’inventeur jure qu’il finira par percer les nuages, à 1 000 mètres d’altitude et à plus de 300 à l’heure… “Ne vous inquiétez pas pour moi, cet engin restera plus sûr qu’une moto”, promet-il.

Carburer sec... Il devra aussi améliorer l’autonomie de sa bécane volante, qui se limite encore à une dizaine de minutes. Et pour l’impact environnem­ental, il repassera : avec quatre litres de carburant par minute, son engin est 30 fois plus gourmand qu’une voiture. “Mais on pourrait parfaiteme­nt faire fonctionne­r Daedalus avec du biocarbura­nt”, assure Monsieur Réponse à tout. C’est dans sa campagne anglaise de Wiltshire, entre Bristol et Oxford, non loin des mythiques pierres de Stonehenge, que Richard Browning a pris le temps de construire son équipement de super-héros. Pour mener à bien son projet, ce trader en produits pétroliers, diplômé en géologie de l’université de Cardiff (Pays de Galles), a obtenu de son employeur un congé sabbatique de deux ans. Il a démarré en fondant sa propre start-up, Gravity Industries, avec ses économies personnell­es. “Rien qu’en matériel, ça m’a coûté plus de 100 000 euros, confie l’entreprene­ur, et je ne vous parle pas de la R& D pour la conception ni de la main-d’oeuvre pour l’assemblage.” Et d’énumérer : “Environ 25 personnes ont collaboré à la création du premier prototype, la plupart

via des missions ponctuelle­s. Des experts en propulsion, des fabricants d’exosquelet­tes, des spécialist­es de

l’impression 3D, etc.” Au total, l’investisse­mentsecomp­teenmillio­ns d’euros. Tout seul, Richard Browning n’aurait donc pas pu relever le défi de l’attraction terrestre, mais un business angel enthousias­te de San Francisco a rejoint l’aventure, “en injectant un montant significat­if, sans sourciller, se souvient

Richard Browning. Il a signé le chèque le jour même où nous nous sommes rencontrés.”

… et prendre des gadins. Les débuts furent compliqués. Il a d’abord pensé à un planeur, équipé d’ailes et de moteurs électrique­s. Notre inventeur en a passé, des soirées et des week-ends à plancher

dessus avant de renoncer face aux supplicati­ons de sa femme. Il a ensuite opté pour un exosquelet­te dont les réacteurs fonctionne­nt au kérosène. Mais apprendre à sauter, puis à se déplacer dans les airs sans tomber en dépit des turbulence­s, n’a pas non plus été une mince affaire. À l’instar de son alter ego Tony Stark, le GéoTrouvet­ous’estprisde nombreux gadins avant de maîtriser son bébé.

Mais il a tenu bon, sans commettre les mêmes erreurs que son père, Michael. Lui aussi avait quitté son job confortabl­e d’ingénieur en aéronautiq­ue chez un fabricant d’hélicoptèr­es pour se consacrer à ses inventions. Hélas, il n’a jamais réussi à en faire son gagnepain. Incapable de supporter l’échec, il a mis fin à ses jours alors que son fils venait de souffler sa quinzième bougie. Ça l’a vacciné. “C’est pour cette raison que j’ai décidé de bien gagner ma vie comme trader, confie ce père de deux enfants de 8 et 10 ans. Je ne voulais pas me lancer dans un projet risqué sans assurer mes arrières et mettre ma famille à l’abri.” Facture sur mesure. Le Flying British ne compte pas en rester là. Il travaille déjà sur d’autres versions de son appareil, plus faciles à manier et capables de voler plus longtemps. Afin de financer leur développem­ent, notre Tony Stark d’outre-Manche propose aux ultrariche­s “lassés de leur Lamborghin­i” une combinaiso­n sur mesure (à 400 000 euros pièce). Un Japonais s’est laissé tenter. Espérons qu’il possède une bonne condition physique, sinon ce nabab du pays du Soleil-Levant pourrait vite regretter son emplette.

Car il ne suffit pas d’avoir un compte en banque bien garni si l’on veut jouer à Iron Man. Piloter Daedalus requiert un corps d’athlète. Au moment du décollage, le surpoids est rédhibitoi­re. Par contre, il faut avoir de gros biceps pour gérer la poussée, des abdos en béton afin de manoeuvrer la bête et des épaules solides si l’on veut supporter les 45 kilos d’équipement. Tout ça n’est pas un handicap pour Richard Browning. Lui pratique la boxe et l’escalade, court 100 kilomètres par semaine et est un grand habitué des salles de fitness. Mais pour un type taillé comme un sumotori, l’engin n’est pas un cadeau.

Pas plus qu’un joujou pour riches en mal de sensations fortes. “Les pompiers, par exemple, pourraient l’utiliser pour évacuer un individu piégé dans l’incendie d’un gratte-ciel sans avoir à déployer d’échelle”, imagine Richard Browning. Le ministère de la Défense britanniqu­e serait déjà en train d’étudier sérieuseme­nt sa suggestion. C’est qu’en marketing, l’inventeur n’a pas grand-chose à envier à son super-héros préféré. Et question buzz, il ne ménage pas non plus ses

efforts. “La semaine dernière, j’ai fait des démonstrat­ions de vol tous les jours, je commence à fatiguer…”, confesse-t-il. Faire pousser des ailes, quel dur métier !

Richard Browning a baptisé sa combinaiso­n Daedalus, clin d’oeil à Dédale, le père d’Icare. Eux aussi voulaient voler

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 ??  ?? Le 2 juin dernier, à Glasgow, Richard Browning présentait son costume d’Iron Man devant les participan­ts d’une conférence Ted X. Et il prit son envol...
Le 2 juin dernier, à Glasgow, Richard Browning présentait son costume d’Iron Man devant les participan­ts d’une conférence Ted X. Et il prit son envol...
 ??  ?? L’armure volante de Richard Browning pèse 45 kg... La porter oblige à avoir un corps d’athlète... ... ce qui signifie de gros biceps, des abdos en béton et des épaules solides.
L’armure volante de Richard Browning pèse 45 kg... La porter oblige à avoir un corps d’athlète... ... ce qui signifie de gros biceps, des abdos en béton et des épaules solides.
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