Pour ma détox alimentaire, y’a du bouleau

À la recherche d’aliments et de plantes aux vertus nettoyantes sur le Web et les forums en ligne, mes pérégrinations m’ont conduit jusqu’au Pérou.

C omme nombre de mes contemporains, je vis de plus en plus dans des espaces virtuels. J’entretiens mon avatar sur Facebook, je soigne mon image sur Instagram. L’ordinateur est ma première langue et le smartphone mon second cerveau. Quand arrivent les vacances d’été, je ressens une drôle de sensation, comme si je m’évaporais. Pour être plus précis, je me sens aussi concret qu’un ectoplasme. J’ai donc décidé de profiter de la pause estivale pour me réapproprier mon corps. Et réaffirmer qui est le chef. Ma solution reboot, c’est une cure détox. Une purification par la nourriture et les plantes sur quelques jours. J’ai suffisamment de temps, je suis à la plage et je décline ma nouvelle sainte trinité : vivre nu, manger cru, boire des jus.

Sur le Web, des pisse-froid commencent par me mettre en garde. Pour eux, détox rime avec intox. Certains de nos organes, comme le foie, se chargent déjà de purifier l’organisme. Pourtant, dans la Grèce antique, Hippocrate (460 av. J.-C. – 370 av. J.-C.), le père de la médecine, préconisait l’élimination des humeurs impures par le jeûne. Plus près de nous, il n’était pas rare que les médecins de famille prescrivent, avant qu’elles ne soient plus remboursées par la Sécu, des ampoules de Raphanus Niger, composées de radis noir aux vertus nettoyantes.

Le goût des autres. Et puis, dans de nombreuses cultures, il existe toujours des périodes rituelles (carême, ramadan…) au cours desquelles on allège ou on interrompt son alimentation. J’en conclus que si l’humanité n’a pas disparu depuis l’invention des religions, je peux poursuivre sans risque ma quête. Je découvre les vernombreux

tus de la sève de bouleau. En solution buvable, elle agirait comme un booster de santé et de beauté. Elle détoxifie et agit sur le foie, les reins, les intestins. En allant sur des forums spécialisés, j’apprends que le produit donne la peau douce et lumineuse. Ou des boutons. Qu’il est délicieux au goût pour Samantha, mais que Roberto trouve ça infect. Mystica détaille son quotidien fait de diarrhées, de maux de tête et d’un mal-être général après absorption. Alaskakor assure que cette potion a aidé son système digestif “d’une façon merveilleuse”. Bref, je ne suis pas plus avancé.

Heureusement, dans les commentaires des internautes, je découvre l’existence d’un autre produit miracle : le kombucha (prononcez com-boutcha). D’origine mongole, cette boisson, à base de thé vert ou noir et de sucres fermentés par l’action d’un champignon, est un probiotique, qui contient des bactéries et des levures. Ces micro-organismes vivants et actifs rejoignent votre flore intestinale pour votre plus grand bien : aide à la digestion, irritabilité moindre, vitamines mieux absorbées. Acidulé et fruité, son goût évoque le cidre. Il y a deux mille ans, en Chine, les empereurs, aujourd’hui morts, en buvaient pour accéder à l’immortalité. À l’île Maurice, on lui attribue le pouvoir de redonner leur couleur aux cheveux blancs. Sérieux ? Je voyage, mais je ne sais toujours pas quoi en penser.

Graines de jeunesse. Ma recherche d’exotisme me conduit jusqu’en Amérique du Sud. Là, je découvre un nouveau continent fait de baies, de graines et de tubercules aux noms exotiques : açaï, chia, camu camu… Regroupés sous le label de superaliments, ils auraient des superpouvoirs, caramba ! Manuel Villacorta, un diététicien péruvien superconnu là-bas, a élaboré des recettes de smoothies pour rebooster le corps. Le rouge, à base de tomates, fraises, baies de camu camu et graines de chia, est un puissant anti-âge, notamment. Diantre, j’ai trouvé le gourou qui va me faire rajeunir !

L’année prochaine, c’est sûr, j’irai perfectionner mon stage détox à Máncora, dans le nord du Pérou. J’ai repéré un établissement où se marient luxe, calme et volupté. Sur Leboncoin, je vendrai mon smartphone, mon laptop et ma tablette pour m’offrir mon petit coin de paradis.