Le dealer de bonne humeur
REED HASTINGS NETFLIX
Sans verser dans la psychologie de bazar, on suspecte Reed Hastings, le fondateur de Netflix, de vouloir faire plus fort que son arrière-grand-père, un certain Alfred Lee Loomis. Financier à Wall Street dans les années 30 et génie des équations, celui-ci a été l’un des premiers à appliquer les modèles de prévision mathématique à la spéculation boursière. Pour imposer son service de vidéo à la demande par abonnement, le petit Hastings a fait comme son prestigieux aïeul. Il a cherché à exploiter l’incroyable masse de données générée par ses millions d’abonnés à travers le monde, pour leur concocter des programmes sur mesure.
Mais ce quinqua bien né, inventeur du “binge watching” (ou visionnage boulimique), délivrant ses séries par lot de 12, a une ambition autrement plus dingue : nous injecter du divertissement en intraveineuse, 24 h/24. Marquer l’histoire en faisant de nous des zombies ravis. D’ailleurs, en avril 2017, il déclare que son principal concurrent est… le sommeil. Oui, votre sommeil, ce dernier espace qui lui occasionne des pertes inestimables en termes marchands, dans la mesure où vous ne consommez rien pendant que vous rêvez.
Pour créer une situation d’insomnie généralisée et vous rendre encore plus accro, Reed Hastings a sa petite idée : vous plonger dans un état chimiquement modifié. Lors d’une conférence aux États-Unis, en 2016, il développe, en riant à moitié, un scénario à la Matrix, dans lequel les utilisateurs pourraient prendre une pilule bleue pour vivre un divertissement hallucinatoire, et une pilule blanche pour revenir à la réalité. Il se donne vingt ans pour y parvenir !
En attendant, cet été, pendant trois jours, le milliardaire fantasque a commercialisé de jolis petits pots de chanvre avec son logo dessus en Californie, où l’usage du cannabis récréatif s’apprête à être légalisé. Chacune des trois qualités de majijuana mise en vente était inspirée de l’une de ses séries télévisées. À quand
Game of Thrones en gélules ?