Ces gourous qui ne disent pas leur nom
Issus de la Silicon Valley, les big boss du Web se posent définitivement en maîtres du monde et ne manquent pas de génie pour imposer leurs idées. Toutes plus folles les unes que les autres.
Issus de la Silicon Valley, les big boss du Web se posent en maîtres du monde et ne manquent pas de génie pour imposer leurs idées. Toutes plus folles les unes que les autres.
Longtemps, telles de pudiques geishas, ils se sont abrités derrière le paravent de la neutralité. Sur leurs plateformes, on pouvait tout dire. Tout acheter. Tout télécharger. Par principe. Quand certaines voix, européennes notamment, leur faisaient remarquer que vendre des reliques nazies ou décharger des torrents de haine verbale étaient illicites, ils les renvoyaient dans leurs pénates. Ils étaient à la tête d’entreprises de technologie. Point. La technologie, c’est bête, ce sont des tuyaux. Et quand bien même les tuyaux penseraient, qui étaient-ils, ces patrons de la tech américaine, pour sélectionner leurs usagers ? Étaient-ils plus forts que le premier amendement de la constitution des États-Unis, qui confère à la liberté d’expression une valeur suprême ? Malgré le gigantisme de leur chiffre d’affaires, la réponse était non.
Et puis, un jour, une femme est morte. En août dernier, des militants suprémacistes blancs défilent à Charlottesville, dans l’État de Virginie. Un homme fonce en voiture dans la foule des contre-manifestants antiracistes d’en face. C’est le choc fatal. Plusieurs géants de cette tech américaine, qui jusqu’alors faisaient profil bas, prennent des décisions à l’encontre de ces mouvements néonazis. Google s’oppose à héberger un site suprémaciste. Et le fait savoir. Facebook supprime des groupes d’ultras. Et communique dessus. Apple Pay refuse d’encaisser les plateformes qui vendent des objets liés à ces extrémistes. Et le dit. Leur neutralité de façade tombe comme un fruit trop mûr. La saison, la première de l’ère Trump, était sans doute favorable à cette déconfiture.
La main dans le sac. Les big boss de Californie – où se trouvent la plupart de ces compagnies – ont-ils cru euxmêmes, un jour, à cette neutralité ? En tout cas, certains n’ont pas hésité à lui donner des coups de canif avant même Charlottesville. En novembre 2016,SteveHuffman,PDGetcocréateur du forum de discussion trash Reddit, est pris la main dans le sac : il reconnaît avoir changé personnellement certains commentaires de soutien à Trump, publiés par des internautes sur sa plateforme.
Dans un autre genre, Kevin Systrom, patron du réseau d’images Instagram, décide en septembre 2016 de prendre son petit balaibrosse pour nettoyer Internet, ou du moins ce qui circule sur son