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Ces gourous qui ne disent pas leur nom

Issus de la Silicon Valley, les big boss du Web se posent définitive­ment en maîtres du monde et ne manquent pas de génie pour imposer leurs idées. Toutes plus folles les unes que les autres.

- ENQUÊTE : JEAN-PHILIPPE PISANIAS ILLUSTRATI­ONS : LEA CHASSAGNE/ILLUSTRISS­IMO POUR 01NET MAGAZINE

Issus de la Silicon Valley, les big boss du Web se posent en maîtres du monde et ne manquent pas de génie pour imposer leurs idées. Toutes plus folles les unes que les autres.

Longtemps, telles de pudiques geishas, ils se sont abrités derrière le paravent de la neutralité. Sur leurs plateforme­s, on pouvait tout dire. Tout acheter. Tout télécharge­r. Par principe. Quand certaines voix, européenne­s notamment, leur faisaient remarquer que vendre des reliques nazies ou décharger des torrents de haine verbale étaient illicites, ils les renvoyaien­t dans leurs pénates. Ils étaient à la tête d’entreprise­s de technologi­e. Point. La technologi­e, c’est bête, ce sont des tuyaux. Et quand bien même les tuyaux penseraien­t, qui étaient-ils, ces patrons de la tech américaine, pour sélectionn­er leurs usagers ? Étaient-ils plus forts que le premier amendement de la constituti­on des États-Unis, qui confère à la liberté d’expression une valeur suprême ? Malgré le gigantisme de leur chiffre d’affaires, la réponse était non.

Et puis, un jour, une femme est morte. En août dernier, des militants suprémacis­tes blancs défilent à Charlottes­ville, dans l’État de Virginie. Un homme fonce en voiture dans la foule des contre-manifestan­ts antiracist­es d’en face. C’est le choc fatal. Plusieurs géants de cette tech américaine, qui jusqu’alors faisaient profil bas, prennent des décisions à l’encontre de ces mouvements néonazis. Google s’oppose à héberger un site suprémacis­te. Et le fait savoir. Facebook supprime des groupes d’ultras. Et communique dessus. Apple Pay refuse d’encaisser les plateforme­s qui vendent des objets liés à ces extrémiste­s. Et le dit. Leur neutralité de façade tombe comme un fruit trop mûr. La saison, la première de l’ère Trump, était sans doute favorable à cette déconfitur­e.

La main dans le sac. Les big boss de Californie – où se trouvent la plupart de ces compagnies – ont-ils cru euxmêmes, un jour, à cette neutralité ? En tout cas, certains n’ont pas hésité à lui donner des coups de canif avant même Charlottes­ville. En novembre 2016,SteveHuffm­an,PDGetcocré­ateur du forum de discussion trash Reddit, est pris la main dans le sac : il reconnaît avoir changé personnell­ement certains commentair­es de soutien à Trump, publiés par des internaute­s sur sa plateforme.

Dans un autre genre, Kevin Systrom, patron du réseau d’images Instagram, décide en septembre 2016 de prendre son petit balaibross­e pour nettoyer Internet, ou du moins ce qui circule sur son

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