Des commissariats en ligne pour les victimes des cybercriminels
POUR LES VICTIMES DES CYBERCRIMINELS
Sus aux infractions bancaires ! “Vous bénéficiez d’un remboursement”, prétend le mail. Estampillé du logo de l’Assurance maladie, le message invite le destinataire à entrer son numéro de carte bancaire pour percevoir son dû. Ce courrier, bidon, se répand actuellement dans les boîtes mail alerte la gendarmerie. Ce type d’entourloupe, désigné sous le nom d’hameçonnage (ou phishing), est toujours en vogue chez les cybercriminels, rarement à cours d’idées pour nous piquer nos coordonnées bancaires. Ils contaminent, par exemple, nos ordis avec des programmes espions ou piratent les bases de données des sites marchands. Pas étonnant, dès lors, que les achats à distance avec des numéros de cartes usurpés augmentent. Ils représentaient 70,1 % des fraudes à la carte bancaire en 2016, contre 66,8 % en 2015, selon l’Observatoire de la sécurité des moyens de paiement. Pour faire face à cet inquiétant phénomène, les pouvoirs publics vont mettre en place un service Web à compter du 15 février.
Nommé Perceval et accessible depuis le portail Service-public.fr, il facilitera les démarches des victimes d’achats frauduleux en ligne. Car si leurs banques sont tenues de les rembourser, celles-ci ont une fâcheuse tendance à traîner des pieds. Elles réclament ainsi souvent un document montrant que le délit a bien été signalé à la gendarmerie ou à la police, bien qu’aucun texte de loi ne les y oblige. Découragées, certaines personnes lésées préfèrent abandonner la procédure, surtout quand il s’agit de petites sommes. Avec Perceval, la personne flouée pourra déposer une main courante en ligne. Il lui suffira de répondre à un questionnaire en indiquant notamment la date et le montant des opérations illicites. Une fois son identité vérifiée, elle recevra un récépissé doté d’un code-barres, qu’elle imprimera pour le remettre à sa banque. Pratique !
Les autorités planchent aussi Plaintes numériques. sur une autre plateforme, baptisée Thésée (Traitement harmonisé des enquêtes et signalements des e-escroqueries), qui devrait ouvrir à la fin de l’année. Elle donnera la possibilité aux individus souhaitant engager des poursuites judiciaires de déposer plainte. Plus besoin de se rendre au commissariat ; la procédure sera entièrement dématérialisée. Une fois que l’internaute aura indiqué la nature de son préjudice, un procès-verbal sera automatiquement généré puis validé par un officier de police, avant d’être transmis à l’intéressé par mail. Outre le vol de données bancaires, la plateforme traitera cinq autres types d’infractions : piratage de messagerie, chantage en ligne, arnaque aux sentiments, escroquerie à la petite annonce et aux faux sites marchands.
Ces services de police virtuels seront aussi de formidables outils pour les forces publiques. Ces dernières recenseront plus précisément des délits qui, aujourd’hui, ne font pas toujours l’objet de plaintes. Les informations récoltées nourriront une base de données que les enquêteurs pourront consulter. “Cela permettra de faire des recoupements entre différentes affaires et de remonter les filières”, explique un porte-parole de la gendarmerie. Perceval et Thésée devraientmenerlaviedure aux voyous du Net.