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Téléphone : le basique, c’est tendance

Bon marché et infatigabl­es, les mobiles minimalist­es reviennent en force.

- ALEXANDRE SALQUE

Imaginez un téléphone résistant aux chutes, doté d’une autonomie de plusieurs semaines et abordable (moins de 50 euros). Non, il ne s’agit pas d’un énième projet futuriste déniché sur Kickstarte­r, mais des caractéris­tiques d’un téléphone basique. À savoir, un modèle conçu uniquement pour téléphoner et envoyer des SMS. Souvenez-vous de votre bon vieux Nokia 3310. Même oublié au fond d’un tiroir des jours durant, vous le ressortiez et il fonctionna­it encore ! Une madeleine de Proust qui a poussé le finlandais à revisiter et à moderniser son mythique mobile. Et ça marche ! Pourquoi dépenser plus ? Dépourvus d’écran tactile, de Wifi et parfois de connexion à Internet, ces appareils séduisent encore. Pour preuve, l’an dernier, il s’en est écoulé 2,5 millions en France, selon Gfk. Certes, on est bien loin des 19,4 millions de smartphone­s vendus chaque année, mais ces feature phones, comme les appellent les Anglo-Saxons, font plus que de la résistance. “Leur premier atout, c’est leur prix, souligne Éric Haddad, PDG de Konrow, un fabricant marseillai­s de mobiles. On en trouve ainsi à moins de 10 euros, contre 60 euros pour les smartphone­s d’entrée de gamme.” Et quelle endurance ! Grâce à leur petit écran – 2,4 pouces au mieux, soit 6 cm de diagonale –, à leur modeste processeur et à l’absence d’applicatio­ns tournant en arrière-plan, ils consomment très peu d’énergie. Leur batterie tient des heures en conversati­on et ils peuvent rester allumés des semaines sans montrer le moindre signe de fatigue. Petits mais costauds. Leur robustesse constitue également l’un de leurs points forts. Si, dans sa forme, un smartphone récent se résume à une grande dalle de verre, lourde et fragile, ces modestes mobiles en plastique et très légers ne craignent pas la casse. “L’ADN de Nokia, ce sont des appareils fiables et solides, donc avec peu de retours en service après-vente,

sourit Bertrand Dupuis, directeur général de HMD France, l’entreprise finlandais­e qui a repris la marque Nokia. Raison pour laquelle on conserve son téléphone deux fois plus longtemps qu’un smartphone, soit cinq ans environ contre deux ans.”

L’absence de système d’exploitati­on complexe, d’applis et de mises à jour, joue aussi en leur faveur dans la lutte contre l’obsolescen­ce programmée. Enfin, si tous les smartphone­s se ressemblen­t peu ou prou, ce n’est pas le cas de ces mobiles minimalist­es. Monobloc, coulissant, à clapet… il y en a pour tous les goûts. “Ces derniers sont notamment fort appréciés des seniors, précise Pierre Maurice, chef de secteur chez le constructe­ur algérien Condor Mobile. Ils peuvent en effet les glisser dans leur poche sans craindre de déclencher un appel.” Les téléphones signés Doro, destinés à cette catégorie d’utilisateu­rs, bénéficien­t en outre de grosses touches et d’un bouton d’appel d’urgence. Détox numérique. D’autres marques comme Echo Mobiles, Konrow, Crosscall ou RugGear proposent, elles, des modèles antichocs et étanches, à partir de 30 euros. Pratique pour aller à la plage, partir en vadrouille ou faire du sport sans s’inquiéter de salir ou d’abîmer son fidèle compagnon. Car là aussi réside leur principale utilité. Ces basiques autorisent une détox numérique le temps des vacances, ou se posent en mobile d’appoint, en offrant le strict minimum pour rester joignable. Même Google y croit, lequel vient d’investir dans KaiOS, le système d’exploitati­on des nouveaux Nokia. L’occasion, également, de déployer ses services vers ces modèles premier prix... au risque de leur appliquer les défauts que l’on reproche aux smartphone­s. ■

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