L’e-administration, une
aubaine pour les margoulins.
Vendre du gratuit. Acte de mariage, extraits d’acte de naissance, de casier judiciaire ou Kbis, vignette CRIT’Air… Ces pièces, et bien d’autres, on peut les réclamer tranquillement assis derrière son ordinateur grâce aux services en ligne de l’Administration. La plupart du temps sans payer. Des entreprises privées proposent cependant de les effectuer pour le compte de l’usager, moyennant finances. Ce n’est pas interdit, à condition que ces sociétés affichent la couleur en indiquant leur rôle d’intermédiaire et en précisant leurs tarifs et la nature de leurs prestations. Mais des aigrefins usent de tous les stratagèmes pour embobiner les internautes en leur laissant croire qu’ils se trouvent sur une plateforme officielle et leur soutirer de l’argent.
Pas moins d’un million de personnes seraient ainsi abusées chaque année par de faux sites administratifs, selon la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). Cette dernière estime que les sommes facturées indûment représenteraient environ 150 millions d’euros par an. Pour attirer un maximum de particuliers, ces guichets frauduleux font appel à des as du référencement ou, plus souvent, achètent des liens sponsorisés afin d’apparaître en pole position dans les résultats de Google. Et quand ils en sont évincés suite à des signalements, ils changent d’adresse Internet et réapparaissent quelque temps plus tard. Pour tromper les visiteurs, ils n’hésitent pas à employer des symboles de la République, telles Marianne et les couleurs du drapeau français, ou à faire référence à des ministères. Tout est conçu pour mener directement le demandeur à l’achat du document. Si la somme exigée est généralement modique, les frais de dossier, mentionnés en caractères minuscules tout en bas des pages Web, font grimper la note. “J’ai commandé deux actes de naissance, pensant que ça ne me coûterait que 2 euros, mais j’ai été débitée deux fois de 69 euros”, se lamente Nadine S. Parfois, les consommateurs se retrouvent à leur insu abonnés à un service non souhaité – une newsletter, par exemple – par le biais d’une case précochée, dissimulée dans un petit coin. Ils sont alors prélevés chaque mois d’une somme peu élevée pour éviter d’attirer l’attention.
Redoubler de vigilance. “Ce type d’arnaque en ligne brise la confiance dans l’e-administration”, s’insurge la secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances, Delphine Gény-Stephann, bien décidée à lutter contre le phénomène. Une information judiciaire a été ouverte par le parquet de Paris à l’encontre de la société Iron Group, soupçonnée d’avoir escroqué de cette manière des milliers de Français. D’autres établissements sont également dans le collimateur de la DGCCRF. L’organisme appelle les citoyens à redoubler de vigilance, notamment en vérifiant l’adresse du service visité sur le portail Service-Public.fr, qui recense tous les sites officiels. Un conseil bienvenu. D’autant que les occasions de se faire arnaquer vont être démultipliées. Le gouvernement s’ étant, en effet, engagé à ce que la totalité des dé marches administrativespuissent être effectuées en ligne d’ici à 2022.