Le fait marquant
Carrefour Banque, établissement favori des margoulins ?
Entourés d’une multitude de biens de consommation, les coffrets estampillés C-zam trônent devant les caisses ou dans les rayons de quelque 3000 magasins Carrefour. Vendus cinq euros, ils contiennent une carte de paiement Mastercard accompagnée des instructions pour ouvrir en ligne un compte courant en moins de dix minutes, sur simple présentation des scans de deux pièces justificatives. Une offre destinée à tous, sans condition de ressources. Pratique, même si les découverts sont interdits! Lancé en avril 2017, C-zam a séduit plus de 120000 clients, selon les derniers chiffres communiqués par le géant de la distribution. MAUVAIS COUPS SUR LEBONCOIN. Parmi eux, à en croire de nombreux témoignages publiés sur la Toile, se trouvent des individus peu recommandables. Ceux-ci se servent de la banque mobile de Carrefour pour mener à bien leurs entourloupes. Après y avoir ouvert un compte sous une fausse identité, ils publient des annonces sur des sites de vente entre particuliers comme Leboncoin et demandent à être payés par virement avant d’expédier leurs prétendues marchandises. Rassurés par un RIB provenant d’un établissement français et pensant ainsi pouvoir retrouver facilement leur interlocuteur en cas de problème, les acheteurs s’exécutent. Et ne reçoivent jamais le produit attendu. Les pseudovendeurs, eux, disparaissent dans la nature après avoir vidé leur compte dans un distributeur automatique de billets. « J’ai trouvé le numéro de téléphone correspondant au patronyme et à l’adresse communiqués par l’escroc. En appelant, j’ai appris que le nom indiqué était celui d’une personne décédée il y a vingt ans… », raconte Benjamin. D’autres victimes sont tombées sur des gens s’étant fait dérober leurs papiers d’identité. Toutes ont porté plainte auprès de la police ou de la gendarmerie, mais les aigrefins courent toujours. Reste que, selon Maître Jeannie Mongouachon, du cabinet Quorum Avocats, la responsabilité de l’enseigne pourrait être engagée. « Le Code monétaire et financier impose aux banquiers de vérifier l’exactitude des renseignements recueillis lors de l’ouverture d’un compte. Carrefour ne semble pas avoir respecté son obligation de vigilance », assène-t-elle. VERS UNE ACTION COLLECTIVE. Par le biais de la plateforme Vpourverdict.com, qui met en relation internautes mécontents et professionnels du droit, l’avocate prépare une action collective. Du côté de Carrefour, on assure procéder au contrôle des pièces numérisées par les clients. Et ces derniers auraient quinze jours pour saisir un code envoyé à leur adresse postale; durant ce laps de temps, les opérations sur leur compte seraient limitées à 500 euros. Maître Mongouachon, elle, a l’intention d’envoyer prochainement une mise en demeure à Carrefour Banque afin de réclamer le dédommagement des personnes flouées.