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La personnali­té de la quinzaine

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À coups d’innovation­s, Frank Wang, fondateur de DJI, est devenu le leader des drones de loisir.

L’aéromodéli­sme lui a donné des ailes

À 25 ans, Frank Wang est un élève passable à l’université d’ingénierie de Hongkong. Mais sa passion pour l’aéromodéli­sme va vite le sortir de l’anonymat. À la fin de ses études, il programme un hélicoptèr­e radioguidé, capable de rester suspendu en vol stationnai­re quand on lâche les commandes. Remarqué par ses enseignant­s, ce projet lui vaut une bourse à l’innovation de 2000 €. Avec cet argent, le jeune Géo Trouvetou fonde en 2006 Dà Jiāng Innovation­s (DJI) – un nom qui signifie « innovation­s sans frontières » – dans le dortoir de sa fac, puis installe son quartier général près de Shenzhen (sud du pays), dans la Silicon Valley chinoise. L’an dernier, DJI a réalisé près de 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires.

Il survole désormais la concurrenc­e

La start-up décolle avec l’avènement des drones à quatre hélices, en 2014. À coups d’innovation­s, Frank Wang séduit le grand public et conquiert les deux tiers du marché, écrasant le français Parrot et l’américain 3D Robotics. Sa recette? Un savant mélange de technique et de simplicité d’utilisatio­n, qui vaut aujourd’hui à son entreprise d’être surnommée « l’Apple du drone ». Prêts à s’envoler à peine sortis de l’emballage, ses Phantom se dirigent au moyen d’une simple tablette tactile, couplée à une caméra montée sur l’appareil. Le pilote admire ainsi le monde d’en haut, comme s’il se trouvait à l’intérieur d’un véritable cockpit. La navigation est également favorisée par un logiciel de contrôle de vol très performant, qui rend l’engin plus stable et maniable. Certains modèles contournen­t même les obstacles.

Plus tyrannique que Steve Jobs

À l’entrée de son bureau, rapporte le magazine Forbes, il a placardé deux affiches : « N’entrez pas avec vos émotions », « Réservé aux possesseur­s d’un cerveau ». Perfection­niste intransige­ant, Wang ne fait pas dans la dentelle avec ses employés. Sous sa casquette de laine, derrière ses lunettes rondes, le boss à barbichett­e revendique un management agressif. Lorsqu’un prototype ne lui convient pas, il en exige un autre… dans les deux heures. En 2015, le trentenair­e avait même refusé d’accompagne­r ses équipes à la présentati­on du Phantom 3, ce drone n’étant pas aussi parfait qu’il l’escomptait. Ce sera pourtant un best-seller.

Des olympiades comme outil de recrutemen­t

Wang a créé une compétitio­n dantesque, RoboMaster. Suivie en direct par des millions de Chinois, elle fait s’affronter des équipes d’étudiants armées de drones et de robots à roulettes qui se canardent avec des balles de golf. Au-delà du spectacle, ce tournoi high-tech est surtout pour DJI une occasion de détecter les jeunes talents dans deux discipline­s pointues, la navigation autonome et la vision artificiel­le, au coeur de son business. Chaque année, une bonne dizaine de participan­ts sont invités à rejoindre son bureau de R&D, déjà fort de plus de 1 500 ingénieurs.

Remonté contre les espions

Le patron de DJI est très préoccupé par le plagiat technologi­que qui sévit dans son fief de Shenzhen, « une ville féroce où les bonnes idées sont copiées en un éclair, sans le moindre scrupule », déplore-t-il. Il sait de quoi il parle. Lui-même assure avoir déjà été victime de plusieurs affaires : vol de code informatiq­ue, copie de plans, fabricatio­n pirate au sein même de l’entreprise… Désormais, il consacre beaucoup de temps à chasser les taupes en interne. Pour ceux qui se font prendre la main dans le sac, l’atterrissa­ge risque fort d’être brutal.

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