Des images parlantes
Déserts de proximité.
Même au coeur des villages, l’automate investit l’espace. Un distributeur de pain à Golancourt, de lait à Haravilliers. Ailleurs, on en trouve proposant du fromage et des oeufs. Toutes les denrées tiennent dans des cases, et ça ne déplaît pas aux fermiers et agriculteurs alentour, car il faut bien vivre avec son époque et, au nom du circuit court, profiter du progrès pour rendre service. Une démarche pas réellement désintéressée car, déduction faite de la location de la machine, elle rapporte environ 200 € par mois à M. Thiebaut, producteur de pommes de terre. Le dimanche soir, à l’heure où les Parisiens regagnent la capitale, les distributeurs font recette. Il n’empêche, toutes ces baraques jalonnant les départementales ne participent pas à l’harmonie du paysage. D’autant qu’à quelques rues de là les petits commerces ont plié bagage. Certes, la baguette est bonne mais à quel prix ? Avant, on prenait des nouvelles des enfants de la boulangère en surveillant du coin de l’oeil son embonpoint, on emmenait les siens goûter le lait au pis de la vache et on rigolait de leurs grimaces. On repartait toujours avec un peu plus que prévu quand on refaisait le monde avec les paysans, pestant parfois contre un maire forcément défaillant. Bref, on se parlait.