01Net

La personnali­té de la quinzaine

-

L’entreprene­ur Stephan Français a ressuscité Thomson, notre fleuron national.

Avec son modèle fondé sur l’innovation et les prix réduits, le Francilien, qui exploite la marque Thomson sous licence, vise un chiffre d’affaires de un milliard d’euros en 2025.

Après cinq ans d’existence, Thomson Computing est parvenu à se faire une petite place parmi les grands noms de l’informatiq­ue. Loin derrière les Asus, Acer, Lenovo, HP, Dell et autres Apple, la marque française annonce 600 000 unités vendues en 2018 (tablettes, notebooks et PC) pour un chiffre d’affaires de 60 millions d’euros. Malgré son poids plume, elle s’est hissée dans l’Hexagone en tête des ventes d’ordinateur­s à moins de 300 euros, avec environ 25 % du marché, et vient de prendre pied dans plus de 15 pays dont les États-Unis, le Maroc et l’Arabie saoudite. Comment Stephan Français, sacré « entreprene­ur de l’année 2018 » par le magazine Entreprend­re, a-t-il fait renaître la gamme informatiq­ue de l’ancien roi de l’électroniq­ue grand public ? TOMBÉ DEDANS QUAND IL ÉTAIT PETIT. Entre lui et Thomson, c’est une vieille histoire. Ce Francilien issu d’une famille modeste a grandi au milieu des appareils de la marque, pour laquelle son père a travaillé durant toute sa carrière, passant d’ouvrier à sous-ingénieur. Le quasiquinq­uagénaire garde un souvenir ému de sa première télévision couleur – une Thomson bien sûr –, reçue vers l’âge de 10 ans. Quelques années plus tard, le doctorant en sciences politiques répare des PC pour gagner de l’argent de poche. Puis entre comme vendeur chez Surcouf, célèbre distribute­ur de matériel informatiq­ue. Après dix ans de bons et loyaux services, celui qui est devenu directeur des achats quitte tout pour sauter le pas de l’entreprene­uriat. Une première boîte, une deuxième, puis son « grand projet ». « Je me suis rendu compte que six sociétés trustaient 80 % du marché mondial avec un schéma industriel vieillissa­nt, éloigné de la réalité », analyse le PDG, entre deux gorgées d’un expresso vite avalé. Selon lui, les grandes marques sont incapables de suivre l’évolution technologi­que à cause de leurs importante­s campagnes de marketing dont elles doivent amortir le coût en vendant les ordinateur­s pendant plusieurs années. L’entreprene­ur, qui démarre avec 30000 euros de capital, décide à l’inverse de miser sur l’innovation pour offrir « le top de la technologi­e à prix réduit ». Thomson Computing propose par exemple un ordinateur doté d’un écran 2K à moins de 400 euros. Pour ce faire, l’entreprise s’appuie sur un triptyque : externalis­ation (de la fabricatio­n, réalisée en Asie, mais aussi du SAV, de la logistique, de l’assemblage produit, etc.), marges faibles (pas plus de 10 %) et production à la commande. Avec ce projet, Stephan Français convainc Technicolo­r, propriétai­re de Thomson, de lui céder la marque sous licence. DIVERSIFIC­ATION EN VUE. Fin 2013, sort son premier produit : une tablette de 5 pouces à 79 euros, baptisée TEO7 en référence à l’un des derniers ordinateur­s commercial­isés par le fabricant, dans les années 80. En septembre 2018, Thomson Computing fait à nouveau parler de lui en dévoilant un PC à 99 euros. Experts et utilisateu­rs pointent des performanc­es très (voire trop) basiques. Mais ses autres modèles, à moins de 300 euros, ont trouvé leur public dans un créneau délaissé par les grands groupes. La marque souhaite désormais élargir son offre avec des références à plus de 400 euros. Et pour 2019, Stephan Français s’est lancé un autre défi : conquérir le marché du téléphone intelligen­t. S’il honorera sa réputation avec un premier prix à 69 euros, c’est sur le segment Premium que mise le patron geek. Sortant l’appareil de sa poche, il nous présente le premier smartphone intégrant un vidéoproje­cteur laser (annoncé à 499 euros). De l’innovation, certes, mais pour quelle utilité? Aux acheteurs de juger. L’entreprene­ur, lui, reste confiant. À l’horizon 2025, il voit Thomson Computing pointer en septième position mondiale et vise un chiffre d’affaires de un milliard d’euros. Petit Poucet deviendra-t-il grand?˜

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France