Ceux qui font bouger les lignes
Les irréductibles carnivores menaceraient-ils l’environnement? D’après l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’élevage serait responsable de près de 15 % des émissions annuelles de gaz à effet de serre. Mais Didier Toubia a trouvé un moyen de créer de la bidoche sans avoir besoin de nourrir et de tuer des animaux. Cet ingénieur agronome français, PDG d’Aleph Farms, a présenté le premier « vrai » bifteck artificiel. Loin d’être un amas de viande hachée reconstituée, comme le font ses concurrents, son morceau ressemble à un filet de boeuf Pour arriver à ce résultat, l’entrepreneur, installé à TelAviv depuis vingt ans, s’est inspiré de travaux menés dans des laboratoires en ingénierie tissulaire. À partir d’un échantillon de muscle, ses équipes ont isolé quatre types de cellules souches extraites d’un animal vivant : musculaires, graisseuses, vasculaires (tissus sanguins) et conjonctives (collagène). Après trois semaines de culture, elles se sont assemblées en une fine lamelle de viande, « sans hormones ni antibiotiques », s’est réjoui le chercheur. De plus, ce « prototype » ne revient qu’à 50 € l’unité, une paille quand on le compare aux 300 000 € du premier morceau synthétique produit en 1993. L’inventeur souhaite encore réduire les coûts de fabrication et se donne au minimum deux ans pour débuter la commercialisation de sa création. Il lui reste à relever un autre défi : convaincre les consommateurs que son goût s’approche de celui d’un vrai morceau de barbaque.