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Plus belle la vie en mode slow tech !

L’usage abusif de la technologi­e nuirait-il à notre bien-être ? C’est ce que semblent démontrer certains scientifiq­ues. Et ce dont témoignent des hommes et des femmes bien décidés à ne plus laisser le numérique rythmer leur existence.

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Rencontre avec des hommes et des femmes bien décidés à ne plus laisser le numérique rythmer leur existence.

Ce n’est pas Maxence qui prétendra le contraire, les Français ont de plus en plus de mal à déconnecte­r. « Je me souviens être déjà ressorti des toilettes juste parce qu’il me manquait mon smartphone », confesse l’étudiant en école de cinéma. Du haut de ses 21 ans, il reconnaît néanmoins le ridicule de la situation. Et même avoir pris conscience, ce jour-là, de sa nomophobie. Autrement dit, de sa peur irraisonné­e de se retrouver séparé de son mobile. « J’en ai besoin dès que je m’ennuie », plaide notre jeune Parisien. Et aussi pour s’endormir ! Mais on aurait tort de se moquer de lui. Maxence fait tout simplement partie de ce quart de la population âgée de 18 à 22 ans passant plus de cinq heures par jour sur les réseaux sociaux. Ou peut-être de ces 10 % qui y consacrent plus de huit heures?! La récente étude d’Ipsos dont sont tirés ces chiffres(1) parle d’ailleurs d’un « tsunami qui vient » lorsqu’elle évoque l’addiction aux écrans. Et puis, de toute façon, nombre de ses aînés ne valent guère mieux… Cet été, selon une autre enquête(2), sept Français sur dix ont sélectionn­é leur lieu de vacances notamment en fonction de la possibilit­é d’y accéder à Internet. Entre autres pour ne surtout pas décrocher de leur messagerie profession­nelle. Quel mal à cela? La bonne question serait plutôt : quels maux à cela? Et les réponses se révèlent peu plaisantes. Baisse de la productivi­té, dépendance et autres troubles d’ordre physique ou psychique… Nombre d’études convergent vers des conclusion­s plus ou moins alarmistes. L’une d’elles, menée l’année dernière par des chercheurs de l’université du Texas à Austin(3), démontre par exemple que, même éteint, un smartphone demeure une source de distractio­n pour peu qu’il se trouve à portée de main. Notre cerveau, en partie mobilisé par une irrépressi­ble envie d’en consulter les messages, verrait ses capacités cognitives réduites. D’où une baisse de nos performanc­es intellectu­elles. Presque aussi inquiétant, un sondage réalisé par l’institut CSA pour Bouygues Telecom(4) révélait début 2018 que beaucoup de Français préférerai­ent abandonner pendant une semaine l’alcool (pour 79 % des personnes interrogée­s), le sport (66 %), le café (61 %) ou le sexe (pour 41 % d’entre eux) plutôt que leur mobile. Quitte à s’exposer à un sentiment d’isolement, d’anxiété, voire de dépression. Car c’est bien le danger qui les guette, à en croire des scientifiq­ues de l’université d’État de San Francisco. Eux assimilent carrément la nomophobie à une forme de toxicomani­e! En mars 2018, le professeur Erik Peper affirmait ainsi dans la revue NeuroRegul­ation(5) que la dépendance comporteme­ntale liée à l’usage d’un smartphone créait dans le cerveau « des connexions neurologiq­ues similaires à celles observées chez des personnes prenant de l’OxyContin », c’est-à-dire… un opiacé deux fois plus puissant que la morphine!

S’autodiscip­liner et mettre la pédale douce

Internet serait donc, lui aussi, à consommer avec modération. Et le fait est que même des géants du numérique semblent désormais en convenir. À commencer par Apple et Google qui ont tous deux introduit, dans les dernières versions de leur système d’exploitati­on, un outil pour aider leurs clients à contrôler et réduire le temps passé sur leur smartphone (lire encadré p. 39). N’y voyez cependant pas un geste philanthro­pique. « Ils veulent juste que vous continuiez à acheter leurs appareils », commente le sociologue Francis Jauréguibe­rry. Selon cet expert des usages des technologi­es de communicat­ion, « ils ne font que répondre à une nouvelle demande des consommate­urs » désireux de lever le pied. Sauf que certains ne les ont pas attendus pour le faire. Tout seuls. Et pas seulement pour soigner leurs neurones! Julie Desormeaux (lire ci-contre), par exemple, y voit surtout un moyen de faire des économies tout en préservant la planète. « Moins consommer, c’est ce qu’il y a de plus écologique », prône cette Montréalai­se de 38 ans, adepte du

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