Les ficelles
Pourtant pointé du doigt par l’Association française d’investissement en cheptel (Afic), le site continue de proposer des placements frauduleux. Et ceci à vos risques et périls…
Cheptel Epargne, le site d’investissement en vaches laitières, fait son beurre avec des pigeons.
01 Quand c’est flou, il y a un loup…
Acheter des vaches pour le compte d’un éleveur serait plus rentable qu’un livret A (6 % à l’année, contre 0,75 %). « Ce type de placement existe depuis 1971, explique Pierre Marguerit, président de l’Afic. Le retour sur investissement se fait par l’accroissement du troupeau au gré des naissances et par la revente de génisses. » Pourtant, Cheptel Epargne se montre avare de détails à ce sujet. Et pour cause ! Les seules infos dont il dispose ont été pompées sur le site de l’Afic. À commencer par les articles de presse.
02 Ces troupeaux fantômes
Vous pouvez cliquer tant que vous voulez sur les belles images de vaches prim’Holstein, montbéliardes, normandes et d’Abondance que le site vous incite à découvrir. Toutes se révèlent être des coquilles vides. Ainsi, vous n’obtiendrez jamais aucune information supplémentaire sur ces différentes races laitières, qu’il s’agisse des spécimens supposés être en vente ou déjà loués par un éleveur. Et pourtant, les sommes en jeu ne sont pas négligeables ! Le prix d’une bête s’élève actuellement à plus de 1 500 €…
03 Des chiffres fantaisistes
À l’image d’un cours de Bourse en pleine surchauffe, le décompte des cheptels, des bovins loués, des éleveurs aidés et des investisseurs satisfaits défile à très grande vitesse. Et lorsque ces données se stabilisent après avoir dépassé un ou plusieurs milliers d’unités, elles ne sont en rien étayées. Logique, elles sont invérifiables ! Serait-ce un stratagème supplémentaire destiné à faire croire aux internautes que placer son argent dans les vaches laitières serait de plus en plus en vogue ces derniers temps ?
04 Des coordonnées bien réelles
Contre toute attente, le site dispose bel et bien d’un service client joignable par courrier à une adresse postale située au Mans (Sarthe), par mail ou même par téléphone. Et force est de constater que celui-ci se révèle effectivement prêt à renseigner les curieux sur ses offres d’investissement. Mais, bizarrement, le voilà qui cesse de répondre dès qu’on l’interroge sur la mise en garde faite à son encontre par l’Afic, l’association qui dénonce le caractère frauduleux de son activité…
05 Une activité difficile à tracer
En tant que plateforme d’investissement digital, Cheptel Epargne est censé proposer une démarche entièrement dématérialisée. Dans les faits, impossible d’aller plus loin que la création d’un compte. Le service client nous a précisé qu’« habituellement, les investisseurs [les] contactent après avoir été démarchés par téléphone ». Et selon des témoignages recueillis par OuestFrance, la plupart sont alors invités à effectuer des virements en Espagne ou en Angleterre. Vous la sentez, l’entourloupe ?