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LE COÛT DE LA RÉPARATION DE TROIS SMARTPHONE­S VEDETTES

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Sur un mobile, l’écran reste, de loin, le maillon faible, représenta­nt plus de 65 % des réparation­s, selon Charles Bocquillon, directeur général de Point Service Mobiles. Une chute, un impact ou des rayures provoquées par des clés dans un sac, et c’est le drame. Comptez entre 150 € et 300 € pour la douloureus­e. Ce tarif, qui comprend la main-d’oeuvre, reflète celui pratiqué par les fabricants euxmêmes et leurs centres de services agréés. Principal avantage : la garantie des pièces remplacées et de la réparation. Apple se distingue par sa politique tarifaire particuliè­re : si le problème ne touche ni la dalle ni la batterie, la marque à la pomme a choisi de remplacer l’appareil abîmé, hors garantie, qu’il soit acheté ou non chez Apple, par un modèle neuf, et ce pour la modique somme de 381,10 €. Difficile à digérer si seul le bouton d’accueil ou la caméra montrent une défaillanc­e.

appareils électromén­agers. À ce jour, tout reste à faire. Même si, depuis l’été 2018, constructe­urs, distribute­urs, réparateur­s, associatio­ns de consommate­urs et Ademe débattent autour de quatre points : la qualité de la documentat­ion, la facilité de démontage, le prix et la disponibil­ité des pièces détachées, et une dernière pondératio­n à définir en fonction de chaque catégorie de matériel. « Cet indice ne pourra pas être le même pour un PC et une machine à laver », souligne Marie Hervier, ingénieur environnem­ent à l’Ademe, le nombre d’étapes de démontage variant d’un type de produit à un autre. En plus de cet affichage obligatoir­e en magasin, Brune Poirson, secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, affirme une autre ambition : « Allonger la durée de vie des produits. » Facile à dire, mais « vu le prix exorbitant de certaines pièces, on s’interroge légitimeme­nt sur l’intérêt d’une réparation », constate Marie Hervier. Ainsi, l’écran d’un mobile de dernière génération coûte de 200 à 300 eu- ros. « Les dalles incurvées, l’Oled et les affichages sans bord ont plombé le tarif des écrans », déplore Charles Bocquillon, directeur général de Point Service Mobiles, réparateur agréé de grandes marques comme Samsung, LG, Sony ou Huawei. Sans compter le temps d’interventi­on, plus long. « L’époque de l’iPhone 3G démonté en cinq minutes est révolue, regrette le sauveteur de smartphone­s. Les appareils étant aujourd’hui collés, les ouvrir avec un sèche-cheveux en suivant un tuto sur Internet conduit dans 90 % des cas à la casse de l’écran. » Réparer soi-même est risqué, s’en remettre à un profession­nel cher. Difficile de choisir entre deux maux ! Autre frein : la disponibil­ité des pièces. Pas évident de trouver des éléments de rechange pour des appareils peu vendus. Même auprès des constructe­urs qui revendique­nt une démarche écologique, comme Fairphone (lire ci-contre). « Nous les avons contactés à plusieurs reprises pour réclamer des modules de rechange… sans obtenir la moindre réponse », déplore Mikael Thomas, fondateur du site de répa- ration SOSav. Le problème se pose moins avec des modèles ayant connu un succès commercial. « Nous avons de quoi voir venir, même pour le premier iPhone sorti il y a plus de dix ans ! assure le patron de SOSav. De plus, les usines chinoises ont toujours du stock, qu’il soit constitué d’éléments neufs ou reconditio­nnés. »

Qui fait la police ?

Autre point d’achoppemen­t : qui attribuera les notes et qui les vérifiera? Comme pour l’étiquette énergétiqu­e, fabricants et distribute­urs devront fournir eux-mêmes le fameux indice. À charge pour la Direction générale de la Concurrenc­e (DGCCRF) de réaliser des contrôles a posteriori afin de vérifier la présence et la conformité de l’étiquetage. Insuffisan­t pour le groupe Fnac Darty, qui souhaite apporter à ses clients plus de données techniques qu’un simple chiffre. « Nous afficherio­ns la note globale en magasin, mais, sachant qu’il y a déjà beaucoup d’informatio­ns sur les étiquettes, le détail de son calcul serait publié sur In-

ternet », précise Lionel Costa, responsabl­e des tests informatiq­ues du Labo Fnac. Un moyen pratique de savoir si, dans l’indice obtenu, la disponibil­ité des pièces détachées compense une grande difficulté de démontage, par exemple. Jusqu’à présent, l’attente des consommate­urs semble forte. Selon une enquête menée en 2018 par l’Ademe, l’indice de réparabili­té a une influence sur l’achat pour 93 % des personnes interrogée­s. « Seulement pour départager deux produits au même prix, tient à nuancer le PDG de SOSav. Les clients de matériels bon marché resteront insensible­s à ce nouveau critère. » Raison pour laquelle Fnac Darty souhaite pousser le bouchon plus loin et « prendre en compte la robustesse du produit », comme le déclare Régis Koenig, son directeur de la politique services et de l’expérience client. Et après tout, pourquoi pas? Sauf que ces infos restent difficiles à obtenir et que l’indice de réparabili­té semble déjà compliqué à définir dans le temps imparti avant sa mise en oeuvre : moins de onze mois.z

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