COMME UN AVION SANS GOUVERNES
Pour la première fois dans l’histoire de l’aviation, un appareil s’est servi de l’air pulsé par ses moteurs pour se diriger dans les airs.
Nord-ouest du Pays de Galles, aéroport de Llanbedr. En ce mois d’avril 2019, une équipe de techniciens s’active autour d’un aéronef sans pilote, de quatre mètres d’envergure et de forme triangulaire. Après avoir pris son envol, l’engin se met à changer de direction sans l’aide de pièces mobiles : il n’emploie ni gouvernes ni ailerons. Pour manoeuvrer, MAGMA, c’est son nom, utilise un astucieux dispositif projetant de l’air à très haute vitesse. Une première dans le domaine de l’aéronautique.
DÉVIATION D’AIR. Les auteurs de cette prouesse technologique, des ingénieurs de l’entreprise de défense britannique BAE Systems et des chercheurs de l’université de Manchester, se sont appuyés sur un phénomène physique, l’effet Coandă, du nom du chercheur roumain qui l’a théorisé au début du XXe siècle. Selon lui, un fluide lancé sur un objet convexe épouse sa surface, puis s’en
sépare en allant dans une direction différente de celle qu’il avait au départ. L’idée est donc de se servir de cette particularité pour qu’un avion puisse se diriger en contrôlant la circulation des flux issus de ses moteurs. Ainsi, pour virer de bord, l’air est pulsé à une vitesse supersonique par des buses situées sur le bord de fuite d’une des deux ailes qui l’oriente vers le sol. Si l’on veut aller vers la droite, par exemple, il suffit d’envoyer le flux sur celle de gauche, qui se soulève et incline l’appareil dans le bon sens. Pour monter ou descendre, un autre système propulse les gaz au niveau de la queue de MAGMA en les orientant vers le bas ou vers le haut.
Grâce à cette technologie, BAE Systems espère pouvoir élaborer, d’ici à une dizaine d’années, des avions plus légers et plus faciles à entretenir, puisqu’ils pourront se débarrasser de la plupart de leurs encombrantes pièces mécaniques pour se déplacer dans les cieux.