Le service gagnant
Vous espérez vous initier au chinois de façon ludique et rapide ? Si les cours en ligne fleurissent, les résultats ne sont pas toujours concluants.
Ces méthodes en ligne promettent de vous initier au chinois de façon ludique et rapide. Notre verdict.
Avouez que la promesse est belle : apprendre en ligne le chinois, plus précisément le mandarin simplifié, aussi facilement que l’anglais ou l’espagnol. Si, si! C’est possible, affirment certaines méthodes des plus connues. Seulement voilà, si ces applications ont démontré leur efficacité dans l’acquisition de dialectes latins et anglosaxons, il n’en va pas de même pour les langues orientales. Ici, les outils numériques touchent à leurs limites. Principal problème, les techniques d’enseignement. On nous explique que traduire mot à mot n’a aucun sens. Qu’il est préférable de deviner le propos du texte et de déduire la signification des idéogrammes à partir de quelques indices en français. Sacrée gageure! Pire, une plateforme propose même d’associer des scènes de la vie quotidienne en images à une description rédigée en phonétique. Livré à lui-même, l’internaute ne sait quoi choisir.
PAS TOUJOURS DE BON TON. Mais pourquoi la plupart de ces plateformes ne se fondentelles pas sur l’enseignement traditionnel du mandarin? Celui-ci démarre avec l’apprentissage du pinyin, transcription romanisée du chinois en alphabet latin. Comme le français et la langue de Confucius ne partagent que cinq sons en commun, il faut d’abord apprivoiser de nouvelles sonorités. À cela s’ajoute la pratique des quatre tons (cinq, si l’on compte le neutre) qui changent radicalement le sens d’un mot. Ainsi selon l’inflexion,« ma » peut signifier « maman » ou « cheval ». Autre étape à franchir : l’écrit. Et donc la maîtrise de l’écriture des sinogrammes.
Si la grammaire s’avère facile en raison de l’absence de conjugaisons et d’accords grammaticaux, la mémorisation des calligraphies, elle, demande beaucoup de persévérance. Hélas, vous n’aurez pas le loisir de dessiner les traits si caractéristiques des idéogrammes, car aucun site Internet ne propose une telle fonctionnalité. Vous devrez vous rabattre, par exemple, sur l’application ZIHOP (bit.ly/2JzZE13) pour vous exercer sur écran (Android et iOS). Accrochez-vous !
1 Méthode pédagogique
Seul Lingueo débute par l’apprentissage du pinyin sous forme de cours particulier. L’élève est suivi par un professeur certifié de langue maternelle chinoise sur Skype. Busuu (capture), lui, affiche des mots et des phrases transcrits en phonétique et en sinogrammes, et traduits. Un moteur de reconnaissance vocale valide la prononciation. LingQ propose du texte accompagné de bribes de traduction et mise sur vos qualités de déduction pour comprendre le sens de l’écrit. Mission impossible ! Rosetta Stone, le pire de tous, s’appuie sur des phrases transcrites en phonétique à associer à des images. Sans explications ni indice pour y parvenir. Bon courage !
2 Supports fournis
Lingueo se classe à nouveau en tête. Après chaque leçon, votre professeur vous indique vos points forts et vos faiblesses. Il vous suggère des vidéos YouTube à regarder pour améliorer votre prononciation et des pages Web pour vous entraîner à tracer des idéogrammes. Busuu, pour sa part, s’appuie sur un livre d’images légendées à feuilleter, quand LingQ se fonde sur des extraits de méthodes destinées à l’origine à un public anglo-saxon. Rosetta Stone (capture) se résume à un quiz géant. Busuu, LingQ et Rosetta Stone offrent la possibilité de s’entretenir avec des locuteurs natifs à des tarifs horaires variables (20 € en moyenne).
3 Efficacité
Rien ne remplace le tête-à-tête avec une personne bilingue chinois et français. C’est la force de Lingueo, où l’on suit ses progrès sur un diagramme d’évaluation. Motivant ! À raison d’une heure par semaine, on parviendrait à soutenir une conversation basique au bout d’un trimestre, selon la professeure avec laquelle nous avons échangé. Par contre, Busuu ne vous apprend que des phrases types à réciter par coeur et quelques sinogrammes à reproduire. LingQ (capture) et Rosetta Stone, eux, n’informent ni sur le niveau obtenu ni sur les connaissances acquises. L’absence de traduction et de consignes claires finit par décourager l’élève.