Celles et ceux qui font bouger les lignes
Une lueur d’espoir dans un univers obscur. Le chercheur Diego Ghezzi développe une technologie susceptible d’aider les millions de personnes atteintes de cécité dans le monde à percevoir enfin leur environnement. Contrairement aux méthodes existantes, elle fonctionnerait quel que soit l’état du globe oculaire. Car la solution de ce professeur de l’École polytechnique fédérale de Lausanne consiste à envoyer directement des informations au cerveau sans passer par l’oeil.
Comment ? Les images captées par une petite caméra portée par le patient sont transformées en signaux électriques compréhensibles par le cortex et transmis grâce à un implant fixé sur le nerf optique, souvent intact chez les aveugles. Des expériences pour stimuler ce dernier organe ont déjà été tentées dans les années 90. Mais elles avaient échoué, car les prothèses étaient trop instables. La technologie OpticSELINE développée par le neuroingénieur évite cet écueil, en plaçant le dispositif de stimulation non pas autour, mais au travers du nerf optique.
Des tests menés sur un groupe de lapins au moyen d’un implant contenant un réseau de 12 électrodes se sont avérés concluants. Les animaux auraient bien perçu des motifs lumineux. L’objectif est maintenant de réaliser des essais cliniques auprès de patients non-voyants.
Diego Ghezzi tient cependant à tempérer les espoirs. Car même si sa technologie arrive à implémenter 48 à 60 électrodes, cela ne sera pas suffisant pour restaurer complètement la vue d’une personne aveugle. Elle lui apporterait cependant assez d’informations visuelles pour lui faciliter la vie quotidienne.