Comment on se déplace
Ils transforment une voiture à essence en électrique !
De l’extérieur, rien ne distingue cette Renault Twingo II de celles croisées sur la route. Pourtant, lorsqu’on la démarre, elle ne rejette pas de gaz d’échappement et ne produit aucun bruit. Car elle ne carbure plus à l’essence mais se propulse... à l’électricité. C’est l’oeuvre de Transition-One, une start-up installée à Orléans. Les initiés appellent ça le rétrofit électrique, autrement dit le fait de changer un véhicule thermique en modèle propre. Pour le moment, seules quelques entreprises françaises, comme Rétrofuture ou Brouzils Auto, effectuent occasionnellement cette opération sur des automobiles de collection. Mais Transition-One compte la proposer aux propriétaires de petites voitures relativement récentes fonctionnant à l’essence ou au diesel. Cette transjusqu’à formation exige de nombreuses manipulations : enlever le réservoir, la ligne d’échappement, l’alternateur et, bien sûr, le système de propulsion thermique. « Nous le remplaçons par un bloc électrique, généralement plus léger. Ce dernier est alimenté par cinq modules de batterie, dont trois sont installés dans le compartiment moteur et deux à la place du réservoir », explique Aymeric Libeau, fondateur de la jeune pousse orléanaise.
100 KM D’AUTONOMIE. Grâce à cette disposition, la répartition des masses, donc l’équilibre et le comportement du véhicule, est conservée. La boîte de vitesse s’utilise comme un variateur. Quant à la prise de courant, elle trouve sa place derrière la trappe à essence. Une fois modifiée, l’auto dispose d’une autonomie minimale de 100 kilomètres et peut rouler 110 kilomètres par heure. « Nous ciblons les citadines, telles la Renault Twingo, la VW Polo, la Fiat 500 ou la Peugeot 107 », précise Aymeric Libeau. Montant de la facture : 5 000 euros. Une somme non négligeable, mais moins élevée que celle demandée pour acquérir une petite électrique d’occasion d’entrée de gamme comme une Renault ZOE de 2014, vendue autour de 9000 euros.
Reste un problème : immatriculer une voiture ayant changé d’énergie en cours de vie demeure compliqué, puisqu’il faut obtenir l’autorisation du constructeur et une homologation à titre individuel auprès des services de l’État. Un processus fastidieux, coûteux et sans garantie de succès. Or, dans plusieurs pays de l’Union européenne, comme l’Allemagne ou l’Italie, une seule formalité administrative suffit. Des start-up hexagonales concernées, regroupées au sein d’une association nommée AIRe (Acteurs de l’industrie du rétrofit électrique) militent donc pour un assouplissement de la réglementation française. Pour eux, l’État aurait tout intérêt à encourager cette solution complémentaire à la vente de véhicules électriques neufs ou d’occasion pour atteindre ses objectifs environnementaux. Ils espèrent qu’un arrêté en ce sens sera signé avant la fin de l’année.