Les jeux incontournables
Hier, il n’y en avait que pour les expériences multijoueurs. Aujourd’hui, les titres en solo font leur come-back et caracolent en tête des ventes.
Sentir le vent frais de la liberté, même enveloppé par la pénombre du salon. Avancer à son rythme en ignorant les injonctions de notifications envahissantes. Profiter de la solitude dans un monde en ligne qui promeut la multitude comme horizon indépassable. C’est ce que ressent Stéphane, jeune quadra et chercheur en biotechnologies, lorsqu’il parcourt, seul, les vastes étendues de l’Ouest américain de Red Dead Redemption 2. « Dans les titres multijoueurs en ligne tels que PlayerUnknown’s Battlegrounds, tout va à 100 à l’heure, dit-il. Les actions, répétitives et monotones, finissent par lasser. Pas ici. » Un sentiment partagé par Romain, trentenaire et développeur Web. Pour lui, ces jeux, dont la qualité graphique n’a pas à être dégradée pour être stockés sur des serveurs, favorisent l’immersion. « En me balançant d’immeuble en immeuble dans Spider-Man, je n’ai pas de doute, confie-t-il. Je suis l’homme-araignée. » On s’y croit, comme un enfant se prend pour un pilote de formule 1 sur son vélo.
CHANGEMENT DE CAP. À contre-courant de la déferlante du tout-multi de ces dernières années, en 2017, de grands studios américains ont décidé de redonner vie aux jeux monojoueurs, malgré l’avis des gourous du marketing ne jurant que par les productions en réseau. Des amateurs ont pris cette tangente, transformant les récents God of War, Assassin’s Creed Odyssey ou Shadow of the Tomb Raider en cartons de vente, malgré l’absence d’un mode à plusieurs. « Entre le travail et les contraintes familiales, difficile de s’entraîner des heures pour résister dans des batailles à la Fortnite », avance Julien Chièze, fondateur du site Gameblog.fr. Lors d’un sondage effectué en 2018 sur sa chaîne YouTube* (320 000 abonnés), 54 % des participants déclaraient ne s’intéresser qu’aux jeux à vivre en solitaire. Peut-être parce qu’il s’agit là de l’essence même de ce loisir. Et que nous sommes finalement attachés aux récits linéaires avec un début, un milieu et une fin, quand, dans Fortnite et compagnie, une centaine d’inconnus ne font finalement que s’affronter ad nauseum. Ajoutons que les aventures en solo créeraient même plus de lien social que leurs concurrents, puisque deux adeptes de la manette ayant vécu la même expérience seront marqués par des souvenirs durables qu’ils pourront partager. Un retour aux sources, en quelque sorte. Avant Internet et les machines connectées, souvenez-vous, le plaisir vidéoludique se résumait à une confrontation fertile avec un écran de pixels et son imagination. * bit.ly/30Itdna