L’INNOVATION DE RUPTURE NÉCESSITE UN CROISEMENT DE COMPÉTENCES
Bruno Maisonnier, le créateur des célèbres robots humanoïdes NAO et Pepper, préfère concevoir des produits inédits plutôt que d’améliorer ceux qui existent. C’est ce qu’il s’est attaché à faire avec sa start-up Aldebaran Robotics, revendue en 2015 au groupe japonais Softbank, mais aussi avec son actuel projet, Another Brain, autour de l’intelligence artificielle.
Il existe deux types d’innovation, l’une incrémentale, l’autre de rupture. La première consiste à améliorer des objets déjà existants, tels qu’un téléphone ou une brosse à dents. La seconde vise à concevoir des choses totalement nouvelles. Personnellement, c’est ce qui m’intéresse. Pour faire différemment de tout le monde… il faut faire différemment de tout le monde. C’est une tautologie, mais c’est important. Par exemple, avec NAO, je voulais créer un nouveau mode de relation entre une machine et les gens. Pour développer ce compagnon interactif qui est devenu la référence du robot humanoïde, j’ai recruté peu de roboticiens. Il y avait des polytechniciens, des électroniciens, et même un menuisier. Tous ces métiers
ont leur propre mode de pensée. L’innovation de rupture passe par ce croisement des compétences et des approches multiculturelles. Il y avait 35 nationalités chez Aldebaran. Ce choc culturel a été bénéfique et utile à son développement. Même si c’est parfois compliqué de savoir quelle tâche il vaut mieux confier à un Allemand ou à un Japonais. Aujourd’hui, chez Another Brain, on est en train de développer une nouvelle génération d’intelligence artificielle (IA), parce que dans l’équipe, il n’y a pas d’expert avec des ornières intellectuelles. Si beaucoup estiment que la voiture autonome n’arrivera pas avant vingt ou trente ans, je suis persuadé que notre IA va y contribuer. Car une fois encore, on raisonne autrement.