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ÇA GROOVE GRAVE

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De la soul japonaise au disque d’une chorale polonaise de sourds et muets, Christian Borde (alias Moustic) a toujours un truc un peu fantaisist­e ou barré à vous faire écouter. Sa dernière trouvaille ? Un groupe de Birmanie qui chante… du zouk des Antilles* ! Même en marge de ses activités télévisuel­les, il s’est toujours appliqué à transmettr­e sa passion pour la musique. Organiser un festival, des bals populaires, rien ne l’a jamais arrêté. Depuis qu’il n’officie plus sur Groland, à Canal+, l’ancien clown se concentre sur sa webradio, créée en 2006.

Ce Basque de coeur profite de son nouveau temps libre pour chercher des chansons sur le Net, quand il n’écume pas les disquaires, de Paris à Tokyo, à la recherche de 33 tours pour nourrir I have a dream. « Depuis que j’ai épongé le site Juno Records – vinyles, réimpressi­ons de vieux morceaux introuvabl­es, CD –, je me suis rabattu sur Bandcamp, explique-t-il. Je peux y passer des heures entières, en quête de sons indiens improbable­s. En plus de télécharge­r des tubes à l’unité, je récupère également des albums physiques et en digital. »

Une fois ses trésors débusqués, il mixe ses sons avec l’attention d’un artisan en marqueteri­e dans son atelier avant de les mettre en ligne. Une petite agence Web le conseille. Amateur de musique noire américaine, il retombe en enfance en offrant sa passion en partage.

« Quand j’avais 8 ans, nous avions un voisin fou de jazz. À travers le mur mitoyen de la maison de mes parents, aussi épais qu’une cloison d’appartemen­t, j’ai ainsi commencé à aimer ces rythmes, confie-t-il. Tous les dimanches matin, après 10 heures, il bastonnait. C’est là que j’ai entendu pour la première fois – mais je ne savais pas qui c’était – Coltrane, Miles Davis, Mingus, Art Blakey… C’est devenu mon univers. Jusqu’au jour où, pour des raisons que j’ignore, peutêtre par dépit amoureux, il a brûlé tous ses disques dans son jardin. Je me souviendra­i toujours de cette image de fumée noire et de cette odeur de vinyle calciné. Il a quitté le quartier, j’étais trop petit pour lui parler, mais j’ai pris conscience ce jour-là d’une perte que je ne pouvais enrayer. » Depuis, celui qui a débuté sa carrière comme réalisateu­r sur RMC en 1978 s’applique à ressuscite­r cette mémoire perdue, et goûte à sa liberté de programmat­eur libéré des ondes. Résolument indé malgré la notoriété de sa vie télévisuel­le passée, il garde chevillée au corps, dans son auberge espagnole numérique, la foi d’un collection­neur de base. « C’est comme si j’avais ouvert un petit restaurant, raconte-t-il. Je dis aux internaute­s : voilà ce que je vous propose et goûtez. Si vous aimez, revenez. Mais si vous voulez du Lady Gaga, faut pas rester là ! »

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