DES TROUS POUR DES FLEURS
Que fait le bourdon lorsque les plantes tardent à produire les fleurs nécessaires à sa subsistance ? Il les aiguillonne !
Le bourdon vient de décoller, après avoir percé plusieurs petits trous sur la feuille où il s’était posé. Et le voilà qui recommence sur une autre plante située à proximité. Ses congénères ne sont pas en reste, qui maltraitent à leur tour l’infortuné feuillage. Sachant que ces insectes pollinisateurs ne se nourrissent que de pollen et de nectar, ce comportement est longtemps resté inexpliqué.
Pour tenter de le comprendre, des chercheurs de l’École polytechnique fédérale de Zurich, en Suisse, ont lâché un essaim dans une serre plantée, puis dans un jardin aménagé sur le toit d’un des bâtiments du campus. Rapidement, ils ont constaté que les bourdons piquaient davantage les feuilles lorsque les fleurs, et donc le pollen, venaient à manquer. Mais surtout, ils se sont aperçus que les plantes aiguillonnées fleurissaient jusqu’à trente jours plus tôt que les autres.
Les scientifiques ont tenté de reproduire le comportement des bourdons, mais sans obtenir de réaction comparable. Ils s’efforcent maintenant de déterminer les mécanismes chimiques et moléculaires responsables de cette stimulation qui leur permet de limiter la période de carence en pollen.
Malheureusement, pas sûr que le travail des bourdons suffise. Avec le changement climatique, la floraison survient parfois avant leur arrivée. Tous les acteurs de cette valse symbiotique en pâtissent, et l’on ignore s’ils auront le temps de s’adapter.