Le vélo électrique connecté, une star citadine
Les vélos électriques connectés, intelligents et sexy se multiplient. Et leurs constructeurs rivalisent de dispositifs inédits pour tenter de séduire de nouveaux utilisateurs.
Un vélo sans pilote bardé de capteurs et capable de se frayer un chemin dans la circulation jusqu’à son propriétaire… Non, cela n’existe pas! Sauf quand Google joue le jeu du poisson d’avril (bit.ly/2zapx5c). Mais force est de constater que les cycles connectés, intelligents et assistés par nos smartphones déferlent dans nos villes. Et ce sont exclusivement des vélos à assistance électrique (VAE). Le rapport annuel de l’observatoire du cycle, dévoilé début mai, mesure l’ampleur de la tendance : les ventes de VAE ont progressé de 12,1% entre 2018 et 2019 en France, soit 388 000 engins supplémentaires.
En valeur, le VAE représente désormais plus de 45 % du marché de la petite reine. Pour leurs propriétaires, ils sont la clé du trajet domicile-bureau, surtout en ville. Car ces « vélotafeurs » ainsi désignés profitent de la prolifération récente des pistes cyclables, des subventions à l’achat de plus en plus élevées et nombreuses (lire encadré ci-contre), et bénéficient en bonus d’une nouvelle sécurité sanitaire.
VanMoof, Cowboy, Angell, Bellatrix, Fuell sont les acteurs de cette catégorie de montures positionnées à des tarifs entre 2000€ et 4000€ en moyenne, parfois plus. Et ils ne lésinent pas sur le vocabulaire: unité ou cockpit intelligents, verrouillage automatique, vitesses électroniques, vibreurs directionnels... Certains annoncent même pour bientôt du verrouillage par reconnaissance faciale et des caméras intégrées. Quelles sont véritablement les innovations de ces machines ? Jusqu’où sont-elles intelligentes, inviolables et confortables ?
Quand l’IA pédale (et pense) à notre place
Le constructeur marseillais Bellatrix a ainsi misé sur l’intelligence artificielle (IA) pour son modèle Iweech 100 % automatique. Concrètement, un système d’algorithmes apprend progressivement de l’utilisateur et de son comportement sur ses trajets de tous les jours dans le seul but d’optimiser la batterie, et donc de mieux distribuer le niveau d’assistance électrique. Pour un trajet inhabituel, le système de navigation intégré renseigne l’algorithme qui calcule l’énergie nécessaire et la distribue en conséquence, en prenant en compte les données topographiques. Et le timing est réactualisé en temps réel, par exemple quand le pilote subit un vent fort de face. « Si vous avez assez de batterie pour aller jusqu’à votre destination, vous bénéficierez d’une assistance optimisée, explique Christophe Sauvan, directeur général de Bellatrix. Sinon, le système dégradera le niveau d’assistance sur les portions les plus faciles afin de conserver le maximum d’assistance sur les portions difficiles. Vous arriverez ainsi à votre rendez-vous sans avoir eu à forcer et donc à transpirer. »
Angell, qui livrera son premier vélo en juillet, évoque l’IA pour son « cockpit intelligent ». Ce centre névralgique intègre trois logiciels qui gèrent les connectivités telles que les interactions avec le smartphone, les clignotants (une première sur un vélo), les fonctionnalités de sécurité ainsi que l’énergie de la batterie et l’assistance électrique. Le vélo enregistre le maximum d’informations sur le pilote (y compris son poids et sa taille via des applications de santé) et son comportement. Ces données sont anonymisées et envoyées chez Angell pour traitement. « Cette analyse est réalisée pour assurer la longévité du produit et améliorer les performances de l’utilisateur, en lui procurant la meilleure assistance électrique et un rapport poids/puissance optimal », précise ■■■
Jules Trecco, cofondateur d’Angell. Là encore, le vélo apprend de son propriétaire et s’adapte. Le cockpit intelligent, c’est aussi un écran tactile capable de dispenser des informations variées comme la qualité de l’air, la météo et même les calories dépensées, à condition, dans ce cas, d’opter pour le mode sport. En utilisant l’outil de navigation intégré, un itinéraire loin des zones les plus embouteillées, et donc polluées, est favorisé, ainsi que les pistes cyclables. Enfin, un système de vibration dans les poignées indique quand tourner. Malin.
L’IA est affaire de connexion et de communication. Chez le fabricant hollandais VanMoof, le « smart cartridge » de ses nouveaux S3 et X3, vendus depuis fin avril, est qualifié d’«unité intelligente ». Il s’agit d’un élément placé dans le cadre supérieur du vélo. Ici, pas d’apprentissage des habitudes de l’utilisateur, mais une gestion automatique des quatre niveaux d’assistance et des quatre vitesses. L’application de VanMoof, qui n’est pas nécessaire pour rouler, permet de la régler.
Pour le belge Cowboy, c’est un peu différent. Son nouveau Cowboy 3, sorti début juin, s’avère très dépendant de son appli. Le choix d’un vélo automatique aux lignes épurées, sans aucun bouton sur le guidon, est assumé. Du coup, tout passe par le smartphone, de l’éclairage des feux au verrouillage de la machine. Le système de navigation de l’appli Cowboy, tout comme celui de l’écran intégré d’Angell, prend en compte la qualité de l’air et offre la possibilité à l’utilisateur de passer par les itinéraires les moins pollués, quitte à rallonger le parcours.
Assistance électrique, mais pour quelle autonomie ?
Ces systèmes automatiques permettent de ménager la batterie, très sollicitée si l’on force sur l’assistance ou si l’on abuse d’artifices comme le Turbo Boost de VanMoof, un bouton du guidon qui donne sa puissance maximale au moteur en un clin d’oeil. Ou le mode Turbo du Cowboy 3 qui partage ce principe sur la durée. Résultat : on ne va pas au bout du monde avec son VAE ! Ainsi, Cowboy annonce jusqu’à 70 kilomètres d’autonomie pour sa batterie, sans préciser la fourchette basse. Et VanMoof entre 60 et 150 kilomètres pour la sienne qui, soit dit en passant, est inamovible (il faut rapprocher le vélo de la prise).
Fuell, de son côté, a fait de l’autonomie la priorité de son modèle Flluid, qui dispose de deux batteries amovibles d’une capacité totale de 1 kWh. Elles lui confèrent ainsi une autonomie de 200 kilomètres. Surtout, on peut choisir d’allumer, ou même d’embarquer, une seule batterie selon le trajet. En revanche, pas de système automatique pour les cinq assistances électriques et les huit vitesses: on revient au classique sélecteur, avec une microcoupure du moteur
à chaque changement de rapport. « La vitesse passe ainsi avec plus de souplesse, sans à-coups, pour plus de confort et de durabilité », justifie François-Xavier Terny, cofondateur de Fuell.
Séduire automobilistes et usagers des transports en commun
Le confort et la sécurité sont des aspects fondamentaux pour beaucoup de nouveaux cyclistes. Et les constructeurs le savent. « Nous ne sommes pas là pour convaincre les gens qui roulent déjà à vélo. Nous visons les personnes qui utilisent voitures, motos et transports en commun, soit 72 % des citadins. Et nous souhaitons leur donner de quoi passer le cap en leur offrant