CHANGEONS LES MANIERES D’APPRENDRE
Une armée! Oui, sachant qu’ils étaient plus de 12 millions, c’est bien une véritable armée d’élèves qui, le 1er septembre, a pris d’assaut les 61510 établissements scolaires français. Mais une armée un peu mieux équipée que d’habitude puisque, cette année, de nombreux lycéens se sont vus dotés d’un ordinateur portable ou d’une tablette, avec des manuels et programmes d’enseignement à distance préinstallés. En Île-deFrance, dans le Grand Est, en Région Sud… Pour Valérie Pécresse, présidente du conseil régional d’Île-de-France, l’objectif est de «pulvériser la fracture numérique ». Louable intention alors que, dans le même temps, une consultation organisée par le ministère de l’Éducation nationale ambitionne de faire «émerger une vision partagée du numérique
(1) pour l’éducation ». S’achevant le 20 octobre prochain, elle conduira à la tenue d’États généraux du numérique pour l’éducation, les 4 et 5 novembre, à Poitiers.
Mais en attendant
que tout cela aboutisse à quelque chose, comment fait-on? «La période de confinement que nous venons de vivre nous a obligés à travailler différemment. Elle a aussi changé des manières d’apprendre », constate Jean-Michel Blanquer. Sauf que, un récent sondage OpinionWay pour Microsoft révèle que
(2)
67% des parents d’élèves estiment leurs enfants insuffisamment formés aux usages des outils numériques. Et ils sont autant à considérer que les écoles, collèges et lycées ne sont pas préparés à la transition vers le numérique. Ce ne sont pas des vues de l’esprit. Le confinement est effectivement passé par là, et il n’y a guère que la rue de Grenelle pour dresser un bilan officiel plutôt
(3) positif concernant la «continuité pédagogique» durant cette période.
«Fournir
une tablette aux enfants ne suffit pas », assène d’ailleurs Marie-Christine Levet. Or cette pionnière d’internet, ex-patronne de Lycos et de Club-Internet, sait de quoi elle parle. Elle qui, aujourd’hui à la tête du fonds d’investissement Educapital, investit dans des start-up de l’Edtech, autrement dit spécialisées dans les technologies de l’éducation et de la formation (lire p.8). Parce que des solutions numériques pour lutter contre le décrochage scolaire, il en existe déjà. Même si, naturellement, il reste encore beaucoup à faire. La preuve en est aussi dans ce numéro, avec notre dossier de Une à l’attention des collégiens, lycéens et de leurs parents (lire p. 40). Nous y passons en revue les meilleurs sites et applications pour mieux apprendre, mieux s’orienter et, même, trouver plus facilement des stages en entreprise. Ou encore, pourrait-on dire comme Sénèque, pour étudier «non pour savoir plus, mais pour savoir mieux ».