LES LAMPADAIRES, NOUVEAUX GUIDES DE NAVIGATION
À Ulm en Allemagne, les lampadaires placés à six mètres de haut sont désormais équipés de caméras et de capteurs servant à guider les voitures autonomes. Explications.
ous pensiez qu’un lampadaire ne servait qu’à éclairer la rue une fois la nuit tombée? Ça, c’était avant. Avant que l’équipementier allemand Bosch ne lève les yeux au ciel et découvre que ces alignements de mats pourraient servir à guider les voitures autonomes. En partenariat avec des universités et plusieurs entreprises comme Mercedes-Benz, Nokia, TomTom ou Osram, Bosch a décidé d’équiper de capteurs les lampadaires de la ville d’Ulm (Allemagne), perchés à six mètres du sol. Leur rôle? Aider les voitures autonomes à circuler dans un trafic dense ou éviter des obstacles. Car même si ces véhicules, déjà bardés de capteurs, de radars et lidars, disposent d’une vision à 360°, ils ne sont pas à l’abri de dangers qu’ils ne peuvent anticiper: un piéton qui surgit derrière un camion, un cycliste caché par un angle mort ou une voiture
Vqui arrive d’une intersection sans visibilité. « Parce que le véhicule ne peut pas voir dans les angles morts ou à travers des murs, nous utilisons les capteurs de lampadaires pour étendre son champ de vision », explique lors d’une conférence de presse le Dr. Rüdiger Walter Henn, qui dirige le projet MECView chez Bosch. Et quoi de mieux pour prendre de la hauteur qu’un lampadaire bien placé à un carrefour?
Le système traite donc en temps réel les images et les signaux en provenance des capteurs, les combine avec des cartes numériques à haute résolution et les transmet aux véhicules via une connexion 5G. La voiture intègre ces données, les fusionne avec ses propres mesures pour se faire alors une cartographie précise de son environnement en temps réel, y compris de ce qui est caché par un obstacle, et agit en conséquence.
UN SYSTÈME DE COORDINATION TRÈS RAPIDE.
Si le principe est simple, la mise en oeuvre est complexe. Car toute l’efficacité de cette technologie repose sur le très faible temps de latence dans la transmission de l’information du lampadaire à la voiture, qui doit bien entendu être le plus court possible, et le traitement de ces données afin que la voiture puisse prendre la bonne décision au bon moment.
Le projet MEC-View, mis en place il y a deux ans, donne aujourd’hui de premiers résultats encourageants. Installé à un carrefour très dangereux, connu pour son manque de visibilité, le système a permis de guider les voitures autonomes, qui l’ont franchi sans encombre et ont pu s’insérer facilement dans le trafic. À terme, cette technologie permettra une circulation plus sûre et plus fluide, évitant ainsi les arrêts inopinés ou les accrochages des voitures autonomes qui n’auraient pas «vu» le danger.