LE MERDIER C’EST NOTRE CHANCE
On ne s’en serait pas douté. Cette année n’aura pas été bonne pour notre pouvoir d’achat. La situation a été entérinée par le gouvernement le 28 septembre, avec la présentation du projet de loi de finances pour 2021. Une «baisse inédite » de 0,5%, a indiqué le ministre délégué aux Comptes publics, Olivier Dussopt. Mais, plus pessimistes, les analystes du cabinet GfK l’estiment, eux, à 4% dans une étude publiée le mois dernier(1). Concrètement, cela correspond à une perte de 902 euros par habitant, nous dit-on (lire p.14). Bien évidemment, il s’agit là d’une moyenne. Tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. D’ailleurs, on ne peut ignorer le signal d’alarme tiré par l’Observatoire des inégalités qui, de son côté, mesure aussi un accroissement des inégalités de revenus(2). Sans surprise non plus, malheureusement, les ménages les plus modestes sont en effet les plus touchés par les conséquences économiques et sociales de la crise sanitaire.
C’est dans ce contexte
que nous avons décidé de consacrer une édition entière de votre magazine au pouvoir d’achat. Pour deux raisons. D’abord parce que les dépenses liées au numérique pèsent dans le budget de chacun – 1491 euros en moyenne par an si l’on additionne les achats de matériels et les abonnements – tout en étant perçues comme inévitables par la majorité d’entre nous (lire p. 16). Ensuite, parce que le numérique peut cependant se révéler un formidable outil pour réaliser des économies, et même arrondir ses fins de mois. En témoignent Aldric Emié qui promet de réduire nos impôts grâce à des algorithmes, ou encore Aurore Thibaud et Perrine Bailly qui s’engagent, avec leur plateforme digitale, à améliorer notre cadre de vie, mais aussi Alexia Desporte Richard dont le drôle de canard connecté nous aide à faire la chasse au gaspi en cuisine. Des «start-uppers» qui, comme beaucoup d’autres, ne manquent donc pas d’idées pour redresser nos finances. À découvrir dans notre dossier principal (lire p.42).
« L’argent n’a pas d’idées,
seules les idées font de l’argent », écrivait Jacques Séguéla il y a trente ans, en pleine période
(3) de récession, reprenant à son compte, en la complétant, une citation de Jean-Paul Sartre (4). Pour le coup, le très controversé publicitaire aurait-il été visionnaire? «Le merdier c’est notre chance, affirmait-il également. Celle de nous remettre en question. » Et si, effectivement, nous profitions de la morosité ambiante pour changer certaines de nos habitudes et revoir notre façon de consommer? Par exemple, en réparant nos appareils plutôt que de les remplacer, comme nous le suggèrent Laetitia Vasseur et Samuel Sauvage, les cofondateurs de l’association Halte à l’obsolescence programmée (lire p. 8). Et puis en misant davantage sur la solidarité grâce aux réseaux d’entraide de proximité qui se multiplient (lire p.26). Ce ne sont là que quelques-unes des autres idées que vous trouverez au fil des pages de ce numéro qui, nous l’espérons, participera à redonner quelques couleurs à votre pouvoir d’achat.