ÉCRANS le conseil de...
Serge Tisseron est l’auteur de nombreux ouvrages sur nos rapports aux nouvelles technologies. Son dernier, L’emprise insidieuse des machines parlantes. Plus jamais seul ! (éd. Les liens qui libèrent), met en garde contre le mésusage des enceintes connectées.
Vous dénoncez la nocivité des écrans pour le développement des enfants. Quels conseils donneriez-vous aux parents pour en tirer le meilleur parti ?
SERGE TISSERON Les écrans ne sont pas nocifs en eux-mêmes. C’est leur usage qui peut être problématique. Procédons par tranches d’âges. Avant 3 ans, il est aujourd’hui admis que les écrans n’ont pas leur place. Le tout-petit a très peu d’heures d’éveil dans la journée et doit les consacrer à des activités fondamentales pour son évolution, comme apprendre à parler. On sait que lorsqu’un adulte parle à un enfant, il modifie sa façon de faire et adopte des mimiques. L’écran ne sait pas faire ça. Autre problème, face à un écran, l’enfant reste immobile. Il existe un risque de déficit de la motricité corporelle et de l’habileté manuelle. Vient ensuite le développement des capacités d’attention-concentration pour une tâche que l’enfant se choisit lui-même. Observez un bébé, il ne s’ennuie jamais.
Vous prônez donc une interdiction totale ?
S. T. Non, il n’est pas exclu qu’un adulte puisse jouer cinq ou dix minutes avec un outil numérique et un bébé. Mais ce qui compte alors, c’est la relation entre eux deux.
Et pour les enfants un peu plus âgés ?
S. T. Entre 3 et 6 ans, le mieux est une utilisation interactive, accompagnée et avec des contenus choisis. L’enfant en tirera un bénéfice bien plus grand que si on le place devant la télé. À partir de 6 ans, il existe des contenus beaucoup plus éducatifs, que l’enfant peut mieux gérer tout seul. Notamment des jeux de construction comme Minecraft, le logiciel Scratch ou la fabrication de films image par image. Mais là encore, mieux vaut que l’enfant soit accompagné. du 09 au 22.12.2020 - 01NET 942