Comment on se déplace
Des voitures qui se réparent toutes seules.
Aller chez le garagiste n’est jamais une partie de plaisir. Il faut prendre rendez-vous, patientez le temps de l’intervention… Bref, une vraie corvée. Nos voitures ne pourraient-elles pas plutôt se réparer toute seule? Le constructeur allemand BMW a franchi une étape importante cet automne en lançant «la plus grande mise à jour over the air jamais réalisée par un constructeur européen », a-t-il annoncé, sur 750 000 véhicules à travers le monde, dont 26000 en France. Elle a notamment permis d’optimiser la reconnaissance vocale, d’intégrer le système d’exploitation Android Auto, l’application d’aide à la conduite Apple CarPlay, mais aussi BMW eDrive Zones. « Ce service embarqué unique au monde fait automatiquement passer la voiture en mode 100 % électrique dans les zones interdites aux véhicules polluants », précise Pierre-Alexandre Cornillon, porte-parole de BMW. Une fois la mise à jour téléchargée, les conducteurs n’ont eu qu’à valider sur l’écran du système multimédia du véhicule pour finaliser l’installation.
Maintenance prédictive et internet des objets
Tesla est le premier à avoir mis en place cet «upgrade» à distance du cerveau informatique de ses modèles. Le constructeur américain a actualisé plusieurs fois son logiciel pour donner plus de puissance à ses véhicules, corriger certains défauts ou intégrer de nouvelles fonctionnalités. Pour cela, il a recueilli leurs données via la technologie dite de maintenance prédictive, avec des capteurs, un GPS et une carte SIM embarquée (ou bien un smartphone connecté à l’ordinateur de bord) afin d’améliorer les performances et anticiper les interventions. Le procédé s’appuie sur la technologie IoT (Internet of Things, en français «l’internet des objets»): la voiture envoie des informations aux serveurs du constructeur qui, après analyse, lui renvoie des correctifs. C’est le même principe que les mises à jour de nos téléphones, de consoles de jeux ou des systèmes d’exploitation de nos ordinateurs.
De son côté, Audi utilise ce dispositif non seulement pour mettre à jour la cartographie de la navigation, mais aussi pour que l’automobiliste débloque de nouvelles fonctionnalités pré-installées sur le modèle, moyennant un abonnement mensuel ou un paiement comptant. Un peu comme des skins (éléments pour modifier le style d’un objet ou d’un personnage) sur le jeu Fortnite. Autre exemple , dès le printemps prochain, le nouveau système multimédia Sync 4 lancé par Ford permettra d’optimiser les caractéristiques de la Mustang Mach-E tout au long de son utilisation.
Quel avenir pour les réseaux de concessionnaires ?
Si la maintenance prédictive améliore certaines fonctions sans passer par la case concession, il n’est pas encore
question de réparer à distance un véhicule, bien que cela soit techniquement envisageable, tout au moins sur la partie électronique. La dernière génération d’Audi Q7 était ainsi prête pour s’autodiagnostiquer et recevoir des modifications à distance, mais ce service n’a jamais été mis en place. Car cela remettrait en cause tout l’écosystème de la distribution automobile, qui a peu évolué depuis ses débuts.
À part Tesla qui ne dispose pas à proprement parler de réseau de concessionnaires, tous les constructeurs s’appuient en effet sur des garages qui, pour subsister, ont besoin de la présence de véhicules dans leurs ateliers. Pour autant, les enjeux de la maintenance prédictive sont gigantesques, et les grands groupes dépensent des fortunes en campagnes de rappel. De plus, ce dispositif s’avère une immense opportunité pour récolter des données sur la voiture et le comportement de son propriétaire. Il sera aussi plus difficile de la faire entretenir ailleurs que chez son concessionnaire.
Enfin, la généralisation des modèles électriques, qui possèdent peu de pièces mécaniques et nécessitent moins d’entretien que les modèles thermiques, pourrait accélérer le développement de la maintenance prévisionnelle. Mais de là à changer un pneu à distance…