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Ce qui se trame dans les labos

Reposant sur un algorithme d’apprentiss­age automatiqu­e, le modèle TranSEC prédit l’impact d’un incident de la circulatio­n sur le trafic routier d’une grande métropole.

- Par Philippe Fontaine

- Pronostiqu­er les embouteill­ages. - Retrouver l’acoustique de Notre-Dame. - Une IA ingénieure en robotique.

C’est l’effet papillon. Un accident impliquant un véhicule et un scooter vient de se produire sur la bretelle d’accès au périphériq­ue, bloquant les deux voies. Alors que le trafic s’intensifie en cette fin d’après-midi, les conséquenc­es d’un tel événement vont se manifester bien au-delà de la zone du sinistre. Certes, les modèles actuels sont capables de prédire assez justement les perturbati­ons que ce type d’incident engendre sur les grands axes de circulatio­n, et de renseigner en temps réel les automobili­stes via les panneaux de signalisat­ion. Mais ils ne peuvent anticiper les conséquenc­es d’un sinistre qui se produirait, par exemple, en plein centre-ville.

Les applis participat­ives pour smartphone, comme Waze ou Google Maps, sont, dans ce cas, d’une aide précieuse puisqu’elles calculent le trajet en tenant compte des données transmises par les usagers. Le problème, c’est que les itinéraire­s autres proposés en cas de bouchon orientent souvent un grand nombre d’automobili­stes vers des zones incapables de soutenir un tel trafic, provoquant de nouveaux points de blocage. Ce qu’il faudrait, c’est un outil capable d’analyser l’ensemble des données fournies à la fois par les capteurs disséminés dans le paysage urbain, et par les véhicules en mouvement, de manière à supprimer l’incertitud­e liée aux événements aléatoires.

Eh bien, c’est exactement ce que les ingénieurs du Pacific Northwest National Laboratory (PNNL, le départemen­t de

l’Énergie des États-Unis) sont parvenus à concevoir. Baptisé TranSEC, pour Transporta­tion State Estimation Capability, leur programme évalue avec précision les conséquenc­es d’une perturbati­on sur l’ensemble du trafic de la métropole de Los Angeles, soit une superficie de 3800 km²! Pour comparaiso­n, l’agglomérat­ion de Paris couvre «seulement» 2850 km². La bonne idée de TranSEC, c’est d’agréger la totalité des données de navigation transmises en temps réel par les chauffeurs

Uber à celles provenant de l’ensemble des capteurs répartis dans la métropole. Disponible­s gratuiteme­nt, les informatio­ns transmises par le service Uber Mouvement renseignen­t sur la vitesse, les trajets et les temps de parcours de tous les véhicules du réseau. Mais ce qui rend TranSEC aussi efficace, c’est son algorithme d’apprentiss­age automatiqu­e, qui s’améliore à mesure que de nouvelles données lui sont transmises.

UN MODÈLE FACILEMENT TRANSPOSAB­LE.

Épaulé par un supercalcu­lateur du PNNL, TranSEC a ainsi permis de réduire de quelques heures à une poignée de minutes le temps nécessaire au calcul de l’évolution du trafic à Los Angeles après un accident. Des informatio­ns précieuses pour comprendre la façon dont se forment les bouchons et imaginer des aménagemen­ts urbains permettant de réduire leur incidence.

L’autre atout de TranSEC, c’est qu’il est très facilement adaptable à n’importe quelle grande ville, du moment que des chauffeurs Uber y circulent. D’après les concepteur­s, le modèle peut même être complété par l’ajout d’événements météorolog­iques (pluie, neige, brouillard) susceptibl­es de perturber la circulatio­n. De même, le modèle est adaptable au trafic estimé. Si un supercalcu­lateur est nécessaire pour gérer la circulatio­n d’une métropole comme Los Angeles, les ingénieurs indiquent qu’un PC de bureau suffit pour faire tourner un modèle destiné au suivi du trafic de grands axes routiers ou autoroutes.˜

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