GUILLAUME MARTIN
EN SELLE POUR UN TOUR DE FRANCE VIRTUEL
Ce fut une première ! En attendant le vrai Tour de France, reporté en raison de la pandémie, plus de 50 000 cyclistes, amateurs et professionnels, se sont tout de même lancés sur les routes le 4 juillet dernier, sans pour autant déroger aux règles sanitaires, dans une transposition virtuelle de la compétition*. Parmi les participants, Guillaume Martin, leader de l’équipe Cofidis qui, rappelons-le, sera le premier Français à franchir la ligne d’arrivée de la Grande Boucle, deux mois et demi plus tard…
Racontez-nous dans quelles 01NET conditions vous avez participé au Tour de France virtuel ?
GUILLAUME MARTIN Je m’en souviens bien. Mon vélo était posé sur un home-trainer connecté, et j’avais devant moi une tablette avec l’application Zwift. La route défilait dessus. Le résultat est assez bluffant : les dénivelés ont été reproduits et on sent dans les jambes quand la pente se raidit. Ça se rapproche assez des sensations en course. Il y a même le phénomène d’aspiration. Et puis, j’avais un ordinateur à côté de moi puisqu’il fallait que les participants soient filmés. Nous avions une réunion Zoom pendant que l’organisateur diffusait en temps réel sur Eurosport.
01NET Utilisiez-vous déjà ce dispositif avant le Tour, ou bien l’avez-vous découvert à ce moment-là ?
G.M. Je l’ai découvert à l’occasion du confinement. Chaque coureur de l’équipe Cofidis a reçu un home-trainer et un abonnement à l’application Zwift. Avant, je connaissais cette plateforme de nom, mais je ne l’utilisais pas. Et je vous avoue que je n’en suis pas devenu un très grand adepte. On a eu, avec mon équipe, des séances de visio-training organisées par notre entraîneur. Mais parfois, quand je m’entraînais de mon côté, je préférais regarder un film ou écouter un podcast en pédalant plutôt que de rouler sur Zwift.
01NET Alors, justement, quel regard critique portez-vous dessus ?
G. M. Le fait de réussir à reproduire et se rapprocher de manière aussi importante d’une course réelle, c’est bluffant et cela témoigne de l’évolution des technologies du numérique qui se rapprochent de plus en plus du réel. Selon moi, le bon côté de ce dispositif, c’est son aspect ludique par rapport à un home-trainer classique. Rouler sans avancer, c’est quand même assez rébarbatif. Là, l’environnement virtuel fait passer le temps. Mais il manque malgré tout le contact avec la nature qui, en ce qui me concerne, participe justement à me faire aimer le cyclisme.
01NET Selon vous, c’est donc un complément au vélo de plein air, qui ne se suffit pas à lui-même ?
G.M. Oui. Et puis, c’est presque une question sociétale, voire philosophique. Aujourd’hui, le virtuel prend de plus en plus d’importance. Mais le fait-il en complément ou au détriment du réel ? Je me pose la question. Je pense surtout qu’il faut prendre garde de ne pas oublier qu’il y a des routes, la nature… et que faire du vélo dehors, c’est bien aussi.z