SPORT À LA MAISON
QUAND LE HIGH-TECH NOUS FAIT SUER POUR DE BONNES RAISONS
LE HOME-TRAINER WAHOO KICKR CORE
constitue une bonne entrée en matière pour s’entraîner au vélo de course à la maison. Il est en plus compatible avec les plateformes Zwift et Kinomap.
800 € Wahoofitness.com
À l’heure des bonnes résolutions, vous n’aurez plus aucune excuse pour ne pas tenir vos objectifs sportifs. Qu’il vente ou qu’il pleuve, que nous soyons reconfinés ou non, il est toujours possible de dépasser ses limites à la maison. Ce sont les pros qui le disent, de Jade Wiel à Armel Le Cléac’h.
LA PLATEFORME D’ENTRAÎNEMENT ZWIFT
propose plus de 130 parcours vidéos (dans un désert, sur un volcan, à travers une ville futuriste…) à réaliser avec votre home-trainer connecté. L’appli est compatible avec les PC, Mac, Apple TV, tablettes et smartphones (Android et iOS). 14,99 €/mois Zwift.com
La pandémie, entre périodes de confinement et fermeture des salles de sport, aura au moins eu le mérite de nous faire découvrir de nouvelles façons de nous dépenser. Pour ne pas souffrir de décompression musculaire, mais surtout garder le moral, notamment via des cours collectifs en ligne diffusés sur les réseaux sociaux, comme ceux du préparateur physique Christophe Ruelle (lire l’encadré ci-dessous). « Cela a permis à beaucoup de personnes de ne pas se cantonner au cardio, au renforcement musculaire ou au stretching, s’enthousiasme le coach sportif. Ils ont même parfois découvert les bienfaits de la sophrologie, et compris que la santé était un tout, physique et mental. »
Pour l’anecdote, Christophe Ruelle affirme que 85% de son public est constitué de femmes. Il constate qu’elles sont généralement plus réceptives à cette conception holistique du sport et du bien-être en général. Cependant, d’après ce que lui ont confié les pratiquantes, les hommes ne sont jamais très loin durant les séances. « S’il y a une chose dont je suis fier, nous confie-t-il, c’est de leur avoir fait comprendre la nécessité de travailler certains leviers pour éviter de se blesser, de mieux contrôler son corps et ressentir les effets des entraînements. » Ne pas mollir, ne pas faiblir est une chose, mais ne pas se faire mal en est une autre.
Combien d’entre nous, au moins au début, ont terminé leurs séances d’abdos à la maison avec des douleurs dorsales ? L’avantage d’une salle de sport, avec un instructeur en chair et en os, c’est qu’une personne est là pour corriger notre posture et nous éviter de nous faire mal. Pour pallier l’absence d’interaction physique directe, Christophe Ruelle nous explique qu’il multiplie dans ses vidéos « les instructions redondantes, qui sont rabâchées et reviennent tout le temps ». Le but est de permettre aux pratiquants de «sentir s’ils exécutent bien le mouvement». Si vous choisissez de suivre un programme de sport en ligne, c’est un point qu’il faudra absolument surveiller, puisque vous n’aurez aucun retour direct, sans oublier de vous échauffer.
Pratiquer à la maison requiert de se dégager un espace à soi, de pousser mobilier et tapis pour éviter l’accident. Christophe Ruelle insiste aussi sur le fait qu’il ne faut « pas forcer, surtout lorsqu’on ne se connaît pas encore très bien, qu’on est débutant». Enfin, il faut soigner la récupération, se responsabiliser et ne pas vouloir trop en faire. Dans ses lives Facebook, notre coach propose à chaque fois deux ou trois options de difficulté à adapter selon son niveau. Suivre un programme intense tous les jours n’est peut-être pas la chose à faire. S’il est question de s’y remettre, quinze minutes quotidiennes feront sens pour une première étape.
Les objets connectés : entre gadgets et émulation
Et la techno dans tout ça ? Montres et bracelets, miroir-écran avec caméra, haltères, vélo d’appartement ou rameur connectés… Le choix est pléthorique. Mais de l’aveu même d’Olivier Pantel, président de la société Training Series – qui fournit des équipements et des conseils aux salles de sport – « proposer une machine ne suffit plus:il faut offrir aux gens des pratiques funs et communautaires, leur faire retrouver, s’ils le souhaitent, le goût de la compétition, proposer des défis et un coaching s’inscrivant dans la durée ». C’est là, bien sûr, que la difficulté affleure, d’autant que les salles de sport tardent à rouvrir.
Pour le coach Christophe Ruelle, «on pourrait aller encore plus loin dans la pédagogie, optimiser le lien entre le sportif et la machine. Mis à part les applications qui proposent un programme spécifique, les objets connectés restent trop cantonnés à la mesure des performances. S’offrir la dernière montre connectée parce qu’elle est belle relève d’une démarche vaine si on n’a pas derrière un objectif précis et personnalisé».
Car le monitoring reste le fer de lance de ces objets. Les programmes d’entraînement tels que les courses fractionnées proposées par les montres et bracelets connectés s’affranchissent souvent de tout vrai suivi sportif sur le moyen ou le long terme. Toutefois, nuance le coach sportif, « ils aident à se motiver et, surtout, à se responsabiliser ».
Dans ce domaine, la marque Fitbit se distingue quelque peu avec son abonnement premium (bit.ly/ 38h4tso) à 8,99 euros par mois
qui accompagne ses bracelets connectés (voir le Charge 4 p. 42). L’application pour smartphone et le tableau de bord personnel accessible sur le site internet donnent alors accès à des programmes sur objectifs qui courent sur un, deux ou cinq jours. Il sera question de perdre du poids, manger mieux, s’hydrater davantage, faire plus d’efforts ou encore pratiquer la méditation de pleine conscience…
D’autres marques, telles Garmin ou Polar, proposent également des exercices de remise en forme sur plusieurs semaines. Mais quand l’entraînement en direct à la course n’est pas simplement annulé pour cause de Covid, les vidéos restantes sont peu causantes, souvent en anglais et peu didactiques.
Soigner sa condition physique
Les outils high-tech sont à prendre pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire au premier chef des instruments de mesures qui, sous conditions, peuvent participer à notre motivation. On se souvient de cette anecdote rapportée par Le Journal du Dimanche en juin 2017, lorsque, sur les conseils du docteur Michel Cymès, François Hollande, alors locataire de l’Élysée, s’astreignait à marcher 6 000 pas quotidiens, mesurés avec une application pour iPhone, afin de rester en bonne santé.
Le sport à la maison montre toutefois ses limites dans le sens où certains gestes comme celui du tennisman ou du lanceur de javelot sont relativement difficiles à reproduire en intérieur. De même que les conditions ou les sensations extérieures, comme nous l’expliquent les cyclistes professionnels Guillaume Martin et Jade Wiel (lire p.45 et 47). Son principal intérêt consiste alors à entretenir sa condition physique. «On ne peut pas remplacer la piste d’athlétisme ou la course dans les bois, concède Christophe Ruelle. Mais pendant ces périodes off où il n’est plus possible de se rendre sur le terrain, on peut transformer sa condition physique. Quelle que soit la discipline, cela nous servira quand on pourra refaire du sport de façon normale.» Carpe diem.