FORFAITS MOBILES
tiennent-ils leurs promesses ?
« Reviendriez-vous à la 3G aujourd’hui? Non, bien sûr. Vous auriez le sentiment que votre téléphone est devenu complètement obsolète, qu’il rame. » Ces mots sont ceux de Jean Varaldi, directeur général France de Qualcomm, le leader mondial des microprocesseurs pour smartphones. Nonobstant le caractère forcément intéressé de sa remarque, le constat tombe sous le sens. Pour la cinquième génération du réseau mobile comme pour les précédentes, on peut parier que les usages suivront le progrès technologique sous l’effet conjugué des augmentations de débit et de la réduction du temps de latence, c’est-à-dire la durée nécessaire pour qu’un paquet de données soit transmis de l’émetteur au destinataire
puis renvoyé à ce dernier. Car la 5G nous promet, à terme, des débits dix fois plus rapides que la 4G.
Les premières offres commerciales sont apparues à la fin de l’année 2020. Et les réticences de Martin Bouygues ne sont plus qu’un lointain souvenir. En effet, le PDG du groupe de télécoms avait demandé en mai dernier, à l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep), un report des enchères pour l’attribution des nouvelles fréquences autour des 3,5 GHz. Dix mois plus tard, Bouygues – comme Free, Orange et SFR – proposait des « forfaits 4G compatibles 5G ». En cas d’indisponibilité de la 5G, cela signifie que vous basculez automatiquement sur le réseau 4G. Selon Ariase, courtier spécialisé dans les forfaits mobiles, il faudra en effet patienter jusqu’à l’horizon 2030 pour bénéficier d’un réseau 100 % 5G. La révolution se fera par étapes.
Pas de 5G sans 4G
Dès 2014, le Premier Ministre britannique, David Cameron, s’émerveillait des prouesses promises par la 5G, et notamment du téléchargement d’un film de 800 Mo en une seconde. En 2021, sous certaines conditions de couverture réseau, de fréquences et de largeur de bande, on peut dire que la promesse est tenue. « Dans certains coeurs de ville, les pics de connexion dépassent même régulièrement le seuil symbolique d’un gigabit par seconde, nous explique
Arnaud Vamparys, directeur des réseaux radio d’Orange. La 5G est trois ou quatre fois plus rapide que la 4G, avec un débit moyen de quelques centaines de mégabits par seconde. »
Mais à quoi de tels débits vont-ils servir? La question n’est pas nouvelle. La 4G avait suscité les mêmes interrogations mais, en ouvrant la voie au streaming vidéo en très haute définition ou au partage multimédia intensif sur les réseaux sociaux, elle avait vite dissipé les doutes. Jean Varaldi, de Qualcomm, se rappelle le temps, pas si lointain, « où streamer de l’audio (NDLR : musique, podcasts… ) paraissait relever de la science-fiction, alors que désormais, on le fait tous les jours ». Il prend le pari que « des services qui nous semblent tirés par les cheveux, comme la réalité augmentée (NDLR : enrichissement de la réalité en lui superposant des images, animations 3D, textes et sons), nous paraîtrons totalement naturels d’ici quatre ou cinq ans ». Pour le directeur réseaux d’Orange, « passer à la 5G, c’est comme passer de l’ADSL à la fibre ». Non seulement elle améliore les performances de tous les services en ligne, mais elle devrait en plus répondre à la « très forte demande des entreprises pour leur transition digitale », ajoute-t-il. Le champ des possibles est vaste.
Plus prosaïquement, le grand public pourra bientôt apprécier une forte amélioration du débit moyen, une latence considérablement réduite et une désaturation du réseau. En attendant, la 4G n’a pas dit son dernier mot, tant la transition vers la norme supérieure devrait encore prendre du temps. Car jusqu’en 2022, voire 2023, la 5G continuera de s’appuyer sur une bande 4G de pilotage (ou d’ancrage). Concrètement, cela signifie que les personnes qui ne captaient pas la 4G ne pourront pas non plus bénéficier de la 5G…