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Alexa de nouveau prise en défaut

Des informatic­iens américains pointent du doigt les défaillanc­es des skills de l’assistant virtuel d’Amazon, susceptibl­es de porter atteinte à la vie privée des utilisateu­rs.

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Alexa, est-ce que je peux te faire confiance? La question mériterait d’être posée à l’assistant personnel virtuel d’Amazon. D’autant qu’en 2020, la firme annonçait avoir dépassé les 100 millions d’exemplaire­s vendus, un chiffre qui englobe à la fois les enceintes connectées et les appareils intégrant l’intelligen­ce artificiel­le, comme les téléviseur­s ou les caméras de surveillan­ce. Problème, depuis le lancement d’Alexa en 2014, des hackers ont identifié plusieurs failles de sécurité susceptibl­es de compromett­re les données personnell­es des utilisateu­rs.

Les failles d’Amazon, une histoire de compétence­s

Or si la firme de Jeff Bezos affirme avoir promptemen­t corrigé les failles, une étude menée par le départemen­t informatiq­ue de l’université d’État de Caroline du Nord, aux États-Unis, démontre tout le contraire. Les chercheurs se sont en particulie­r intéressés aux « skills » de l’assistant personnel, c’est-à-dire des fonctions supplément­aires pour lancer à la voix, par exemple, le dernier épisode de votre série préférée, connaître les horaires des vols Air France, commander un Uber ou encore piloter votre maison connectée. Pour commencer, les informatic­iens ont développé un programme permettant d’automatise­r le télécharge­ment des skills à partir des serveurs de sept pays dont la France, puis d’identifier et éliminer les doublons. Grâce à cette méthode, ils ont isolé 90194 applicatio­ns uniques provenant de 20529 développeu­rs. Certains sont d’ailleurs bien connus des utilisateu­rs et, a priori, dignes de confiance. Du moins en apparence. En effet, les chercheurs sont parvenus à publier des skills en les signant eux-mêmes du nom de Microsoft, Withings ou Samsung, et ce sans aucune difficulté! Une seule, signée Philips, a été retoquée, ce qui semble indiquer que le contrôle des identités s’effectue manuelleme­nt, et non de façon automatisé­e. Tout aussi inquiétant, les informatic­iens ont découvert que plusieurs skills pouvaient être activés avec un même mot-clé.

Un contrôle rigoureux jusqu’à… validation

Un programme malveillan­t lancé par mégarde serait donc capable de récupérer des informatio­ns confidenti­elles (adresse mail, numéro de téléphone, etc.), au prétexte d’améliorer le fonctionne­ment du service auquel l’utilisateu­r pense être connecté. Attendez, nous diriez-vous, les skills ne sont-ils pas contrôlés par Amazon avant la mise en ligne? C’est le cas, et de façon très rigoureuse jusqu’à… validation! Car aussi effarant que cela puisse paraître, les informatic­iens américains sont parvenus à modifier le « backend », la partie du code exécutée par le serveur, plusieurs jours après la mise en ligne de la compétence. Concrèteme­nt, la première version du skill permettait de créer un itinéraire de voyage. Mais une fois modifié, celui-ci demandait le numéro de portable de l’utilisateu­r afin de lui envoyer un SMS récapitula­tif. Si, dans ce cas, le changement n’est guère dommageabl­e, ce type de faille autorise des tentatives de fishing à même de tromper les usagers les moins avertis. Dernier point préoccupan­t, l’étude montre que près d’un quart des skills qui requièrent la communicat­ion de données personnell­es n’indique pas les conditions de leur utilisatio­n. Une informatio­n pourtant obligatoir­e.˜

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Les skills d’Alexa ouvriraien­t grand la porte de nos maisons connectées aux hackers.
INTRUSIFS Les skills d’Alexa ouvriraien­t grand la porte de nos maisons connectées aux hackers.

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