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"Tout le monde peut devenir entreprene­ur "

À ceux qui doutent d’eux-mêmes, ce serial entreprene­ur dans les nouvelles technologi­es, à qui tout semble sourire, veut transmettr­e ses clés de la réussite. Car il en est persuadé, celle-ci n’est pas liée à l’âge, aux diplômes ou à la condition sociale.

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Pour qui a envie d’entreprend­re, Alexandre Mars est l’exemple même de la réussite, ayant fait fortune dans le numérique. Surtout, l’homme de 46 ans se distingue aujourd’hui en consacrant le plus clair de son temps à aider les autres. Terminée, la quête du profit. Celui que d’aucuns surnomment « le petit Bill Gates français » s’est engagé depuis maintenant sept ans dans une lutte contre les injustices sociales. Ce qui ne l’empêche pas de partager son expérience avec cette volonté d’inciter tout un chacun à oser se lancer. Car il en est persuadé, tout le monde peut devenir entreprene­ur.

01NET À en croire une récente étude OpinionWay*, plus d’un Français sur cinq (21 %) a envie de créer ou de reprendre une entreprise. Une proportion qui grimpe même à 43 % chez les 18-24 ans! Vous, justement, avez commencé très jeune…

ALEXANDRE MARS Oui, j’avais 17 ans. Cependant, moi, à l’époque, je n’étais pas encore passionné par l’entreprene­uriat en tant que tel. J’aspirais surtout à diriger mon propre destin.

J’ai ressenti cela très tôt. Et puis je me suis aperçu que je savais prendre une direction et faire en sorte que les gens me suivent. Donc, j’ai monté ma première entreprise – qui était d’ailleurs une associatio­n, puisqu’en France, on ne peut pas créer de société avant 18 ans – pour organiser des concerts. De grands événements qui ont rassemblé jusqu’à 1500 spectateur­s. C’est ainsi que j’ai commencé à gagner un peu d’argent, acheté des ordinateur­s et créé ma deuxième entreprise. Une agence web (A2X, NDLR), l’une des premières au milieu des années 1990. J’avais 21 ans, et j’essayais de convaincre les gens que le Minitel était un outil du passé et qu’il fallait désormais se concentrer sur le futur.

01NET Ça n’a pas dû être facile de convaincre, à 21 ans, dans les années 1990

A. M. Ce fut extrêmemen­t compliqué parce que quand tu as la vingtaine, les gens ont du mal à te faire confiance. Mais j’ai réussi, et j’ai vendu mes parts quelques années plus tard, puis je me suis lancé dans l’aventure du mobile. Cependant, j’ai encore dû convaincre. Car au début des années 2000, personne ne voulait me croire lorsque j’affirmais que, bientôt, la première chose que tout le monde ferait en se levant serait de regarder son téléphone. Pourtant, lorsque j’ai vendu cette entreprise ( , NDLR) à Publicis en 2007, elle était devenue l’une des plus grandes agences de pub et de marketing pour mobiles dans le monde.

01NET Et puis vous avez lancé ScrOOn, une plateforme spécialisé­e dans les réseaux sociaux, alors que Twitter gazouillai­t à peine… Ça n’a pas été encore une fois compliqué?

A. M. Tous les cinq ans, depuis l’âge de 20 ans, j’essaie d’appréhende­r les attentes des gens, les évolutions de marché, et de bien comprendre ce point de rencontre entre la demande et l’offre afin d’être capable de construire cette dernière. Là, comme j’avais déjà réussi deux fois, on commençait à m’écouter. La première fois, on te dit que tu n’y arriveras jamais à 20 ans. La deuxième fois, que tu as eu du bol la première fois, mais que ça ne se reproduira pas. Et la troisième fois, parce que tu as déjà eu raison deux fois, on commence à t’écouter.

01NET Mais finalement, vous l’avez également vendue, à BlackBerry, en 2013. Pour quoi faire ensuite?

A. M. À ce moment-là, j’ai créé deux nouvelles entreprise­s. La première, Epic, est une fondation mondiale, dans l’humanitair­e, qui porte cette vision d’un monde dans lequel chaque jeune, chaque enfant, même défavorisé, a accès à la sécurité, à l’autonomie, à l’égalité des chances. Elle travaille aujourd’hui dans onze pays, et elle a vraiment cette volonté chevillée au corps de combattre les injustices qui touchent les jeunes. La seconde, Blisce, est un fonds d’investisse­ment destiné à soutenir les entreprise­s avec un sens dans ce qu’elles peuvent apporter. Par exemple, Too Good To Go, qui lutte contre le gaspillage alimentair­e, ou Spotify, qui donne accès à la musique à tout le monde. Blisce est devenu le premier fonds certifié B Corp au sein de l’Union européenne, pour son impact sociétal et environnem­ental positif.

01NET Et comment vous est venue l’idée d’écrire Ose!, ce livre dans lequel vous affirmez, et tendez à prouver avec de nombreux exemples, que tout le monde peut devenir entreprene­ur?

A. M. C’est grâce aux nombreuses personnes venues me voir avec leur rêve de se lancer mais qui n’osent pas sous prétexte que l’entreprene­uriat ne serait pas pour elles, qu’elles n’auraient pas l’idée du siècle, par peur de se tromper ou de ne pas y arriver. J’ai voulu raconter d’abord ce que je n’avais pas lu ailleurs, ensuite ce que l’on ne m’avait jamais expliqué, et enfin ce que j’ai appris sur le terrain. Et puis – je vais être politiquem­ent incorrect – j’ai aussi voulu transmettr­e ce que tu n’apprendras pas forcément dans les écoles de commerce. En gros, c’est le livre que moi, j’aurais bien aimé avoir entre les mains à chaque fois que j’ai lancé une nouvelle entreprise.

01NET Un livre dans lequel vous dites qu’il ne sert justement à rien de chercher l’idée du siècle…

A. M. Oui, parce que souvent, les gens qui veulent se lancer voient l’entreprene­ur comme un inventeur. Alors que très peu le sont, et ce n’est pas

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