LES FAITS MARQUANTS
Microsoft remporte un contrat record de fourniture d’équipements pour l’armée américaine. Un accord qui renforce les liens entre le géant du numérique et le complexe militaro-industriel.
La lune de miel entre Microsoft et l’armée américaine se poursuit. L’entreprise fondée par Bill Gates et le commandement militaire américain ont signé un contrat pour la livraison de 120000 casques de réalité mixte (virtuelle et augmentée). L’accord pourrait rapporter au mastodonte du numérique 22 milliards de dollars (18,4 milliards d’euros) sur dix ans. Après la signature du contrat cloud Jedi (Joint Enterprise Defense Infrastructure) de 10 milliards de dollars (8,4 milliards d’euros), réaffirmé en septembre dernier par le Pentagone, et affublé alors du titre de « contrat du siècle », Microsoft et l’US Army intensifient leur collaboration. Le casque, dénommé Ivas (Integrated Visual Augmentation System), se révèle la version militaire du casque civil Hololens. Il a été développé conjointement par les deux parties depuis 2018, suite à un appel d’offres de 479 millions de dollars (400 millions d’euros) remporté par l’entreprise de Redmond (Washington). L’équipement permettra aux soldats de s’entraîner et de combattre dans le noir. Il fournira des informations et des images virtuelles superposées à la vision du terrain. Les supérieurs pourront aussi voir en temps réel les images « filmées » par les troupes. Des militaires interrogés par le quotidien britannique Financial Times décrivent les casques « aussi intuitifs qu’un iPhone et aussi faciles à utiliser que des instructions de jeux vidéo ». Mais ce contrat ne plaît pas à tout le monde. Un collectif d’employés de Microsoft, qui avait déjà exprimé sa désapprobation lors de l’accord Jedi, dénonce la collusion avec l’armée. En effet, les liaisons étroites entre les multinationales numériques et le complexe militaro-industriel américain ne sont plus à démontrer.
Amazon recrute des militaires
En 2015, le journaliste d’investigation Nafeez Ahmed avait révélé comment la CIA et la NSA (National Security Agency) avaient contribué à la montée en puissance de Google. En octobre 2020, le magazine Vice informait sur le recrutement par Amazon de nombre d’anciens et d’actuels militaires. Facebook a, lui, bénéficié des investissements d’In-Q-Tel, une société de capital-risque créée et gérée par la CIA. Quant à SpaceX, la société spatiale d’Elon Musk, elle a signé le 20 mai 2020 un accord de recherche et de développement avec l’US Army pour la potentielle utilisation de son réseau de satellites haut débit Starlink. Enfin, la Commission nationale de sécurité sur l’intelligence artificielle (IA), qui comprend des dirigeants de Google, Microsoft, Oracle et Amazon, a rendu un rapport en mai 2019 qui appelle à une relation étroite entre la Silicon Valley, le Pentagone et les agences de renseignements sur l’IA afin de contrer la menace technologique chinoise. Le soft power revendiqué par les Gafam se durcit.