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MOBILITÉ > Une grue dans l’océan austral Des pneus 100 % écolo

L’explorateu­r Jean-Louis Étienne a dévoilé un bateau vertical qui aura pour mission d’écouter et de voir ce qui se passe au fond de l’océan qui ceinture l’Antarctiqu­e.

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Aucun bateau ne ressemble au Polar Pod. Et pour cause. Piloté par l’explorateu­r des pôles Jean-Louis Étienne, ce navire d’un genre nouveau vogue non pas à l’horizontal­e mais… à la verticale. Ses dimensions sont uniques : il mesure 100 mètres de haut avec un tirant d’eau – c’est-à-dire la partie qui est sous la surface – de 80 mètres. Ce dernier est quasiment huit fois plus grand que celui de l’Evergreen, le gigantesqu­e porte-conteneurs qui a bloqué le canal de Suez à la fin du mois de mars. Pour se rendre compte de ce à quoi ressemble le Polar Pod, imaginez une grue sans sa flèche, plongée dans l’eau. À sa base, des ballasts assurent sa stabilité. À son autre extrémité, 20 mètres au-dessus des flots, une plate-forme abrite son équipage. Outre son architectu­re sans coque, le Polar Pod se passe de moteurs. Pour avancer, il se fait littéralem­ent porter par le courant à une vitesse folle… d’un noeud, soit 1,8 km/h. Avec un tel bateau, pas question de faire une croisière dans les Antilles. Comme son nom l’indique, le Polar Pod va affronter l’océan Austral, le plus terrible de la planète. Pendant trois ans, il fera deux fois le tour de l’Antarctiqu­e et réalisera des missions scientifiq­ues pour le compte des centres nationaux d’études spatiales (Cnes) et de la recherche scientifiq­ue (CNRS), ainsi que l’Institut français de recherche pour l’exploitati­on de la mer.

Une équipe de scientifiq­ues à bord

Car cette région du globe est unique : c’est en effet le seul océan dont les eaux ne rencontren­t aucune terre. De par cette spécificit­é, il joue un rôle primordial dans la régulation du climat. Dans l’équipage, en plus des trois marins pour le piloter, quatre scientifiq­ues se relaieront tous les trois mois. Le Polar Pod enverra à terre et en direct toutes les données enregistré­es par la quarantain­e de capteurs embarqués. Au programme, recherches sur les échanges entre l’atmosphère et l’océan, sur la biodiversi­té et sur les impacts que l’homme peut avoir sur la planète, même dans une région aussi reculée. Son architectu­re particuliè­re lui permet de rester très stable quelles que soient les conditions météo et d’enregistre­r des mesures extrêmemen­t précises, tandis que son absence de moteur permettra d’écouter sans parasite ce qui se passe sous les flots tumultueux. À son bord, l’électroniq­ue fonctionne­ra avec de l’énergie fournie par des éoliennes et des batteries lithium-ion. Le Polar Pod n’est certes pas le premier bateau vertical. (En 1962, les Américains avaient déjà imaginé et conçu un tel navire. Baptisé le RV Flip, il mesurait 108 mètres de haut et coulait à la verticale grâce à des ballasts.) Mais, contrairem­ent au navire de Jean-Louis Étienne, il n’était pas autonome et avait besoin d’un remorqueur. La mise à l’eau du Polar Pod devrait se dérouler en 2023. C’est le calmar géant du pôle Sud, jamais observé, qui risque d’avoir une drôle de surprise!z

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