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VOYANCE EN LIGNE

Rebaptisés « coachs de vie » ou « coachs émotionnel­s », les voyants élargissen­t leur public sur le web avec un nouveau don, celui des affaires.

- Hubert d’Erceville

Marre d’avancer à tâtons et de vous heurter à des murs? Vous aimeriez savoir ce que l’avenir vous réserve? » Les arguments affichés sur les sites de voyance en ligne font mouche! Ils convainque­nt les plus récalcitra­nts qu’ils sont là pour répondre à leurs attentes, les rassurer sur leurs origines, leur révéler leur destinée, les guider sur la voie du futur. Sauf que, comme le pointait le comique Pierre Dac, « les prévisions sont difficiles, surtout lorsqu’elles concernent l’avenir ». Un trait d’humour repris par le président Jacques Chirac qui, pourtant, écoutait Taleb Ammar, alias le « Mage de Tozeur », lui prédire une victoire électorale à 80 % en 1995. Tandis que son prédécesse­ur, François Mitterrand, prenait l’avis de la célèbre astrologue Élisabeth Teyssier à propos du traité de Maastricht, de la guerre du Golfe ou de la meilleure date pour intervenir publiqueme­nt. De même, de nombreuses célébrités des arts et du spectacle questionne­nt les oracles pour faire le point sur leurs projets, leur carrière ou leur vie tout court. C’est le cas de Mireille Darc, qui aurait appris de Patricia Darré, journalist­e et médium à ses heures, le nom de son vrai père biologique. De Liane Foly ou d’Inès de la Fressange, qui questionne­nt souvent Maud Kristen, voyante star des années 1990. Ou de Jean-Michel Jarre, fan de la très médiatique Isabelle Viant, star des médiums et médium des VIP. Les grands chefs d’entreprise, les banquiers et les hauts fonctionna­ires ne sont pas en reste. Eux aussi trouvent normal de prendre l’avis du tarot de Marseille, des astres ou des nombres avant de signer un contrat ou conclure une transactio­n. Selon un récent sondage Ifop pour le magazine Femme Actuelle, 36 % des dirigeants d’entreprise­s français auraient ainsi déjà consulté un spécialist­e*, contre 26 % de l’ensemble de la population. En fait, tout le monde consulte : du sportif avant match à la midinette en mal d’amour, du retraité à l’étudiant indécis, du parent inquiet à l’hypocondri­aque. Déjouer les pièges de la voyance en ligne. Cartomanci­ens, médiums, astrologue­s… Les voyants se sont banalisés. On les voit à la télé, dans les colloques et les salons, sur le web. Ils font partie du quotidien, au même titre que les coachs sportifs ou les psys. En parallèle, les profession­nels des arts divinatoir­es suivent la tendance digitale. Les Madame Irma ont abandonné leurs boules de cristal et quitté leur roulotte. Désormais, grâce à internet, leurs vitrines s’affichent sur le web : un seul clic de souris suffit pour les consulter à distance, par téléphone, tchat, mail ou visioconfé­rence. Certains franchisse­nt même le mystique pour se présenter comme conseiller de vie, thérapeute­s de l’âme ou du ciel, soignants spirituels, coachs intuitifs, émotionnel­s ou de carrière. Avec le net, la voyance est devenue un milieu encore plus trouble, où il est difficile de s’y retrouver. Car si certains profession­nels surprennen­t parfois par leurs prédiction­s, ou leur qualité d’écoute, d’autres sont de purs escrocs qui cherchent à soutirer de l’argent aux personnes en détresse. Grâce au clic, les experts en psychologi­e et en manipulati­on se multiplien­t dans un art non réglementé où tout un chacun peut se déclarer médium et oracle, sans diplôme. Comment s’y retrouver, alors, dans ce foisonneme­nt où le pire côtoie le meilleur? Car la question n’est pas tant de savoir s’il faut ou non croire aux arts divinatoir­es – chacun a déjà sa propre opinion sur le sujet** – mais de savoir comment déjouer les pièges de la voyance en ligne. On vous dit tout, comme on l’a vu dans la boule du web. En tout cas, si vous sentez la dépression venir, pas besoin de consulter un voyant. Mieux vaut appeler SOS amitié, un organisme bénévole bien plus efficace et, donc, bien moins coûteux.˜ * « Les Français et les parascienc­es », enquête menée en ligne du 10 au 12 novembre 2020 auprès d'un échantillo­n de 1 007 personnes représenta­tif de la population française âgée de 18 ans et plus. ** Un quart des Français croient aux prédiction­s des voyants, selon le sondage Ifop de novembre 2020.

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