LE BOOM DES LIVRES AUDIO
Cette nouvelle forme de lecture a déjà conquis 3,3 millions de Français ! Décryptage d’un nouveau phénomène culturel.
L’essor des podcasts participe aussi au développement des livres audio
Découvrir une oeuvre littéraire sans la lire, utiliser son smartphone sans le regarder ou même le toucher, être adolescent et ne pas considérer les livres comme une activité scolaire ou rébarbative : si vous vous reconnaissez dans ces étrangetés, c’est que vous faites partie du quart des Français qui ont déjà écouté un livre audio. À la faveur des confinements successifs, le livre audio effectue une percée dans l’univers culturel des Français. Selon Valérie Lévy-Soussan, PDG d’Audiolib (détenue par Hachette et Albin Michel) et présidente de la commission des livres audio du Syndicat national de l’édition (SNE), « près de 70 % des auditeurs de ce type de livres ont commencé à en écouter depuis le début de la crise sanitaire ». Bertrand Etienne, directeur général d’Audible France (filiale d’Amazon), confirme cette envolée : « Le taux de pénétration du livre audio par rapport au marché total du livre a doublé depuis deux ans, passant de 1 à 2 %. » C’est une bonne nouvelle pour les livres audio, mais c’est aussi une bonne nouvelle tout court car, comme l’affirme Bertrand Etienne : « Nous savons que le livre audio possède une vraie valeur ajoutée dans l’apprentissage et la démocratisation de la culture. » Certes ce taux est encore inférieur à celui de pays comparables, comme les États-Unis où il culmine à 10 %, ou l’Allemagne et l’Angleterre où il se positionne à 5 %, mais il existe plusieurs raisons pour que l’embellie se poursuive. D’abord, « l’offre s’étoffe de plus en plus », comme le constate Valérie Lévy-Soussan. Audible, l’acteur historique de ce marché (créé aux ÉtatsUnis en 1995 à une époque où il n’y avait pas encore de smartphone et où le numérique était un secteur encore en devenir), compte ainsi doubler le nombre de titres en langue française en deux ans et passer de 15000 ouvrages disponibles aujourd’hui à 30000. La désormais filiale d’Amazon, « qui est restée longtemps sans concurrente à sa taille », selon Valérie LévySoussan, se voit challenger par la Fnac, Google et Apple, qui flairent la bonne affaire.
Une pratique familiale et conviviale
L’essor des podcasts participe aussi au développement des livres audio car les gens ont repris l’habitude d’écouter de l’audio, comme à l’époque des dramatiques radio, suivis par toute la famille, confortablement installée autour du poste. C’est d’ailleurs une autre différence avec les livres imprimés qui, à moins d’être lus par-dessus l’épaule, demeurent une activité individuelle, à l’inverse des livres audio qui peuvent donc être écoutés à plusieurs. C’est aussi un moyen de s’éloigner des écrans chronophages, notamment pour les enfants, de « faire autre chose en même temps, de stimuler l’imagination amplifiée par des innovations technologiques comme le son binaural, qui permet à l’auditeur de se plonger dans une autre réalité, à l’instar de la réalité augmentée », argumente Bertrand Etienne.
Des auditeurs fidèles aux nouvelles motivations
Bref, de nombreux points jouent en faveur du développement du livre audio. Même la fin (provisoire?) des confinements et la réouverture des restaurants et des établissements culturels n’inquiètent pas le directeur général d’Audible, « car les nouveaux auditeurs ont répondu qu’ils continueraient d’écouter des livres audio à 75 % selon une étude que nous avons menée avec la société de sondages OpinionWay ». L’optimisme de Bertrand Etienne est aussi conforté par la formule d’abonnement d’Audible, gratuite pendant un mois et qui laisse le choix aux auditeurs de rester ou non à l’issue de cette période. Or, « un testeur sur deux reste », selon le patron d’Audible France. Ainara Ipas, directrice du contenu d’Audible, ajoute que ¡¡¡