RETOUR VERS LE FUTUR
L «umière! Cuisine! Des toasts et du café! Télévision ! » En 1987, dans son film Running Man, adapté du roman de Stephen King, Paul Michael Glaser se figurait déjà une maison intelligente répondant instantanément aux injonctions de ses occupants. Trente ans avant que les assistants vocaux ne commencent à investir nos foyers! À l’époque, qui aurait imaginé que le réalisateur, surtout connu pour avoir joué le rôle de David Michael Starsky dans la mythique série des années 1970 Starsky et Hutch, était également un visionnaire? Et pourtant… « Alexa, allume la lumière ! Ok Google, augmente la température de cinq degrés ! Dis Siri, allume la télé… » La réalité a fini par rattraper la fiction. Certes, tout le monde ne commande pas encore ses luminaires, son grille-pain et sa cafetière à la voix, mais de plus en plus de gens possèdent d’ores et déjà la première brique technologique qui, très vite, leur permettra de le faire (lire p. 38). Pour preuve, ce chiffre du cabinet d’études britannique Omdia qui avance que 512 millions d’enceintes connectées seront en service d’ici à la fin de l’année, contre 339 millions en 2020 et 215 millions en 2019.
« J’avais adoré ce film
à l’époque où il est sorti, je le trouvais bien délirant. Quand je le revois aujourd’hui, il me fait presque flipper tellement il y a de choses dedans qui me font penser à l’époque actuelle… » Sur YouTube, où traîne une copie illégale de Running Man, certains internautes – ici, vinz94600 – n’ont pas manqué de remarquer aussi ses troublantes similitudes avec notre monde en pleine révolution numérique. À ceci près, cependant, que l’Amérique totalitaire qui y est décrite n’a fort heureusement pas vu le jour, pas plus que ce jeu de téléréalité durant lequel Ben Richards (Arnold Schwarzenegger) doit tenter de gagner sa liberté en réchappant à une chasse à l’homme mortelle. Mais la collecte massive de données et leur traitement par des intelligences artificielles qui ne cessent de s’améliorer laissent tout de même entrevoir des ressemblances avec d’autres films futuristes. Tel Minority Report de Steven Spielberg qui, lui, plante une société ayant éradiqué la délinquance grâce à un système de prédiction des crimes.
Car l’anticipation
des délits ne relève plus totalement de la science-fiction. Depuis une dizaine d’années déjà, la police américaine utilise un logiciel (PredPol, renommé récemment Geolitica) pour identifier « les endroits à haut risque » où elle doit patrouiller. Aujourd’hui, on en vient même à parler de justice prédictive. Toujours aux États-Unis, des tribunaux recourent ainsi, eux aussi, à un outil d’aide à la décision (Compas), pour évaluer la probabilité qu’un accusé récidive. Les algorithmes s’apprêteraient-ils donc à remplacer les juges? Attention! La justice prédictive suscite en fait beaucoup de fantasmes qui alimenteront d’ailleurs, sans doute encore, le remake de Running Man que compte réaliser Edgar Wright (Shaun of the Dead, Hot Fuzz, Baby Driver, Last Night in Soho…). Dans ce numéro particulièrement tourné vers l’avenir – y compris celui de Windows (lire p. 72) –, nous vous invitons justement à découvrir en quoi elle consiste vraiment, et ses perspectives (lire p. 22). De quoi se rassurer. Peut-être.