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ET SI LES BATEAUX AVAIENT DES AILES ?

Une start-up française développe depuis dix ans d’étonnants appareils pour réduire les émissions de CO2 des navires marchands.

- Christophe Bourgeois

Les navires ont fonctionné avec des rames, des voiles et, plus tard, des hélices. Demain, ils auront des ailes. C’est en tout cas le pari fou de la start-up parisienne Ayro pour réduire la pollution des grands cargos sillonnant les mers du globe. En parallèle d’une levée de fonds de 10,5 millions d’euros, l’entreprise vient d’installer à Caen (Calvados) une usine pour produire, dès l’an prochain, ses fameuses Oceanwings. Ressemblan­t un peu à des ailes d’avion, celles-ci se fixent verticalem­ent sur le pont des bateaux. Construite­s en matériaux composites, elles sont rétractabl­es et prennent bien moins de place que les voiles classiques, avec une superficie de seulement 360 mètres carrés (33 mètres de haut sur 11 de large).

Hisser les voiles… sans marins

Ces ailes à deux volets sont pilotées entièremen­t par ordinateur et s’ajustent selon la vitesse et la direction du vent, afin d’optimiser la consommati­on de carburant. Cela fait près de dix ans que le cabinet d’architectu­re navale VPLP, dont est issue Ayro, planche sur ce concept.Les Oceanwings ont fait leur première apparition en 2010, sur un trimaran vainqueur de la Coupe de l’America. Depuis 2018, elles équipent aussi le catamaran Energy Observer, qui navigue pour promouvoir les propulsion­s zéro carbone. Ce test grandeur nature a déjà donné d’excellents résultats. Il a même poussé ArianeGrou­p à signer avec la start-up afin d’imaginer un cargo équipé de quatre Oceanwings. Baptisé Le Canopée, il transporte­ra fin 2022 la fusée Ariane 6 de Brême (Allemagne) à Kourou (Guyane).Adaptables sur des rouliers, des porte-conteneurs ou des gaziers, les Oceanwings n’ont pas vocation à remplacer leurs moteurs à fuel, mais à réduire leur consommati­on et leurs émissions de CO2. Ayro estime qu’équipés de sa technologi­e, les navires pourraient émettre jusqu’à 45% de CO2 en moins. Sachant que 90% des marchandis­es circulant dans le monde sont transporté­es par voie maritime, on imagine sans mal les bénéfices pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. En 2018, les transports maritimes représenta­ient à eux seuls 3% de ces émissions à l’échelle planétaire, un taux qui pourrait grimper à 17% à l’horizon 2050 si rien n’est fait.˜

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