DANS LE COFFRE-FORT DU PLUS GRAND MUSEE DU MONDE

Depuis deux ans, le musée du Louvre transfert ses réserves au sein d'un bâtiment ultramoderne situé à Liévain, dans le Pas-de-Calais. Sa mission ? Les protéger des crues de la Seine et améliorer leurs conditions de conservation et d’études.

Paris, 3 juin 2016. Les conservateurs du Louvre sont en proie à la panique. La Seine sort de son lit et devrait très bientôt dépasser les six mètres, un niveau jamais constaté en plus de trente ans. L’eau risque de s’engouffrer dans les réserves du musée, situées en zone inondable. La solution qui s’impose est d’acheminer les peintures, sculptures et autres vestiges du passé aux étages supérieurs. Tandis que les pièces les plus fragiles seront envoyées dans différents endroits de la région parisienne. Mais en quarante-huit heures, seulement 35 000 oeuvres seront déplacées, sur les 150 000 qui étaient stockées dans les sous-sols du musée. Heureusement que la Seine n’est pas montée plus haut!

Des dimensions hors normes

Plus question de revivre pareille frayeur. Un bâtiment gigantesque de 18500 mètres carrés, de plain-pied et ultra-sécurisé, est sorti de terre fin 2019, pour un budget de 60 millions d’euros. Interdit au public, ce centre de conservation est situé à 600 mètres du Louvre-Lens, la succursale du musée parisien. Ses dimensions ont été prévues pour accueillir les oeuvres les plus monumentales, telle Intérieur de l’abbaye de Westminster, une huile sur toile de 19 mètres de haut et 40 mètres de large peinte par JeanPierre Alaux dit Ozou en 1832. Or nous avons justement suivi son transfert. Mais encore fallait-il que la toile soit apte au voyage. Sinon, elle aurait fait un détour par le Centre de recherche et de restauration des musées de France afin d’être remise en état. Cette fois, les conservateurs se sont contentés d’un dépoussiérage en règle et d’une séance photo, le Louvre profitant de ce grand déménagement pour numériser l’ensemble de ses oeuvres sur son site internet (Collections.louvre.fr). Et